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HOHENZOLLERN

Les margraves de Bayreuth et d'Ansbach aux XVIIe et XVIIIe siècles

Dès la mort de Christian (1655) ses possessions sont partagées entre ses deux fils : Bayreuth revient à l'aîné, Kulmbach au cadet. Christian-Ernest de Bayreuth († 1712), général au service de l'empereur, est aussi un prince bâtisseur ; mais sa capitale ne lui fait pas négliger la petite ville d'Erlangen, où il accueille les protestants français après la révocation de l'édit de Nantes (les Hohenzollern de Franconie, à la différence de ceux de Souabe restés catholiques, ont adhéré à la Réforme). Son fils Georges-Guillaume étant mort sans postérité (1726), c'est la branche de Kulmbach qui hérita de Bayreuth, dont elle prit le nom.

Georges-Frédéric, qui régnait depuis 1708 à Kulmbach, établit sa résidence à Bayreuth. L'événement important de son règne est le mariage (1731) du prince héritier Frédéric avec Sophie-Wilhelmine, fille du roi de Prusse Frédéric-Guillaume Ier (et sœur préférée du futur Frédéric II). Leur règne, qui débute en 1735, est la période brillante de Bayreuth évoquée par les Mémoires de la margrave et sa correspondance avec son frère : à l'Ermitage et au nouvel Ermitage, à la nouvelle résidence (l'ancienne avait été détruite par un incendie) une vie de société s'instaure, policée à la française, rompant avec l'isolement intellectuel de la petite principauté. En 1743 est fondée l'université d'Erlangen. C'est aussi la période difficile des guerres dont l'Allemagne est le théâtre pendant près d'un quart de siècle. Si de 1740 à 1745 l'attitude pro-autrichienne de la cour de Bayreuth amène un refroidissement des rapports entre la margrave et Frédéric II, dans la guerre de Sept Ans (1756-1763) celle-ci offre (en vain d'ailleurs) sa médiation entre la Prusse et la France. Mais la margrave disparaît en 1758, son mari en 1765, sans postérité masculine. Bayreuth passe alors à un parent, Frédéric-Christian de Neustadt, qui meurt, lui aussi sans postérité, en 1769, laissant Bayreuth au représentant de la branche d'Ansbach, Charles-Alexandre.

Les margraves d'Ansbach au xviie siècle sont d'assez rudes seigneurs. Ce n'est que sous le règne de Georges-Frédéric (1692-1703) que l'influence française s'introduit dans le pays : la cour (à Ansbach et à Triesdorf) est plus policée, l'administration plus efficace. Charles-Guillaume-Frédéric, « le margrave sauvage » (1723-1757), épouse lui aussi une fille de Frédéric-Guillaume Ier de Prusse, Louise-Frédérique (1729). Personnage excentrique, souvent brutal, non dépourvu de qualités, bon administrateur et soucieux d'embellir sa capitale. Comme à Bayreuth, les sympathies de la cour pour l'Autriche provoquent une tension entre Ansbach et Berlin. Cultivé, artiste, Charles-Alexandre pratique, à l'inverse de son père, une politique orientée vers Berlin. Mais ce sont les aventures du margrave qui ont surtout défrayé la chronique. Un voyage à Paris en 1770 est à l'origine de sa liaison avec Mlle Clairon, supplantée à partir de 1783 par lady Craven. Cette dernière a sans doute contribué à la décision par laquelle, le 16 janvier 1791, Charles-Alexandre céda Ansbach et Bayreuth à la Prusse moyennant une rente viagère. Il se retira à Londres avec lady Craven (qu'il avait épousée à Lisbonne le 30 octobre 1791), et y mourut en 1806.

Devenues villes prussiennes, Ansbach et Bayreuth se laissent envahir par la torpeur, à peine secouée par la présence à Ansbach d'assez nombreux émigrés français. La politique hésitante de la Prusse en face de la coalition anglo-austro-russe dirigée contre Napoléon, la victoire de celui-ci à Austerlitz allaient déterminer l'avenir des principautés. Par le traité de Schönbrunn du 15 décembre 1805, la Prusse cède le margraviat[...]

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Écrit par

  • : maître assistant à la faculté des lettres et sciences humaines de Rouen

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