HOKUSAI (1760-1849) (exposition)
Du 1er octobre 2014 au 18 janvier 2015, une exposition consacrée à Hokusai (1760-1849), l’un des artistes japonais les plus célèbres en France, s’est tenue aux Galeries nationales du Grand Palais, à Paris. La renommée de Hokusai, qui remonte à la seconde moitié du xixe siècle, doit beaucoup aux écrivains, critiques et artistes français, à commencer par son premier biographe, Edmond de Goncourt, qui lui consacra une monographie dès 1896, suivie par celle de l’historien de l’art Henri Focillon en 1914.
L’exposition était exceptionnelle à plusieurs égards : son ampleur (540 œuvres), sa conception chronologique et la rareté des pièces, dont un grand nombre ont été exposées pour la première fois en France.
La leçon de dessin de Hokusai
Après les expositions parisiennes Hokusai et son temps. Le fou de peinture (Centre culturel du Marais, 1980) – qui fut une révélation – et la présentation centrée sur les œuvres conservées au musée Guimet (Hokusai 1760-1849. L’affolé de son art, 2008), celle du Grand Palais constitue en France la troisième grande manifestation d’envergure consacrée au peintre.
Cette exposition coïncide avec le bicentenaire de la publication, en 1814, du premier volume de la Manga, le plus fameux des albums illustrés de l’artiste. Elle est l’aboutissement du travail mené par Seiji Nagata, un conservateur japonais qui a consacré sa vie à l’œuvre de Hokusai, avec la collaboration de Laure Dalon, conservatrice du patrimoine à la Réunion des musées nationaux (RMN).
La réception des œuvres de Hokusai en Occident commence avec l’ouverture, en 1858, des relations diplomatiques entre le Japon et la France dans le contexte du mouvement artistique du « japonisme ». Plusieurs salles conduisent à travers les grandes étapes de l’œuvre, marquées par les changements de nom de l’artiste : Shunrō (1778-1794) – période de formation centrée sur les estampes de théâtre ou de courtisanes et les illustrations de petits romans –, Sōri (1794-1805) – époque consacrée aux estampes de luxe et aux illustrations de « poèmes burlesques » –, Hokusai (1805-1810) – étape marquée par la production d’illustrations de romans historiques –, Taito (1810-1819) – période de réalisation de nombreux manuels de dessin –, Iitsu (1820-1834) – moment des célèbres séries de gravures de paysage –, et Gakyō rōjin Manji « le vieux fou de peinture » (1834-1839) – période qui voit le retour à l’art pictural. Une salle entière est en outre dédiée à la Manga (1814-1878), cette encyclopédie illustrée du monde vivant, naturel et surnaturel, composée de quinze volumes, qui rendit Hokusai célèbre au Japon, mais aussi en France. On note seulement l’absence de ses fascinantes gravures érotiques, qui ont pourtant contribué à son succès.
Ce parcours chronologique permet de mesurer la variété des genres et des styles abordés par l’artiste, mais aussi de prendre conscience de l’évolution des formes populaires de l’art graphique japonais entre la fin du xviiie et le milieu du xixe siècle : depuis les livrets illustrés dits à « couverture jaune » dans les années 1780, la mode des recueils de « poèmes burlesques » illustrés dans les années 1790-1800, le renouvellement du genre de l’illustration des romans historiques et la popularisation des manuels de dessin, au début du xixe siècle, jusqu’à la naissance de l’estampe de paysage dans les années 1830. Dans chacun de ces domaines, Hokusai fit œuvre de précurseur.
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Écrit par
- Christophe MARQUET : directeur de l'École française d'Extrême-Orient, Paris
Classification
Média