HOKUSAI KATSUSHIKA (1760-1849)
Œuvre monumentale, inégale et géniale
Hokusai fut un peintre de talent, mais c'est la xylographie qui le rendit célèbre. Il est, avec Hishikawa Moronobu (mort vers 1695), l'illustrateur le plus prolifique de l'histoire du livre japonais, avec une production de près de 13 500 planches. Il débuta comme tant d'autres par des dessins pour kibyoshi(livre jaune), littérature populaire et bon marché. Il déploya une activité débordante dans l'illustration de romans et de kyōka(poèmes humoristiques) pendant les premières années du xixesiècle. L'un de ses plus beaux livres est Coup d'œil sur les deux rives de la rivière Sumida (EhonSumidagawaichiran). Mais la fameuse Hokusai Mangareste l'une de ses œuvres maîtresses. Commencée en 1814, cette encyclopédie du dessin compte quinze volumes dont les deux derniers sont posthumes, En 1834-1835, alors que le succès de Hiroshige marque le déclin de la popularité de Hokusai, paraissent encore les Cent Vues du mont Fuji (Fugakuhyakkei), dont chaque feuillet est un chef-d'œuvre du dessin, de la composition, de la gravure et de la finesse d'impression. Jamais plus il ne créera d'œuvre aussi grandiose. Il prend alors le nom de Gakyō Rōjin Manji (« Manji, le Vieil Homme fou de peinture ») et réalise de nombreuses peintures.
Hokusai est plus connu encore par ses estampes. Élève de Shunshō, il dessine de remarquables estampes d'acteurs et de lutteurs dans le style de son maître, et quelques portraits féminins à la manière de Kiyonaga et d'Utamaro. Dès 1798, il transmet le nom Sōri à l’un de ses élèves et crée celui d’Hokusai quand il s’installe comme artiste indépendant. Il entreprend la réalisation de séries d'estampes de paysage pur de style occidental, sans pareilles au Japon. Il y applique les lois de la perspective européenne, introduit le clair-obscur, traite les cieux à la manière hollandaise. Cette production prend subitement fin vers 1804. Les estampes qui le rendirent célèbre furent dessinées après 1820. Ce sont les fameuses séries sur les Ponts (Shokokumeikyōkiran), les Cascades (Shokokutakimeguri), Images d'oiseaux et de fleurs d'esprit chinois, et surtout les Trente-Six Vues du mont Fuji (Fugakusanjūrokkei) ; renouant avec la tradition fantastique, il imagine les Cent Contes (Hyaku monogatari). Mais quoique belles encore, ces estampes n'ont plus la fraîcheur d'inspiration ni la beauté du dessin d'antan.
Jusque dans son déclin, rien ne put jamais distraire le grand artiste de son but, tant étaient grandes sa foi en son propre talent et sa confiance dans le travail. N'écrivait-il pas, à la fin du premier volume des Cent Vues du mont Fuji, que son œuvre exécutée avant l'âge de soixante-dix ans ne comptait pas, qu'à quatre-vingt-dix ans il pénétrerait le secret des choses, qu'à cent ans il serait un vrai peintre, et qu'à cent dix ans il atteindrait la perfection ?
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Écrit par
- Chantal KOZYREFF : conservatrice des collections Japon, Chine et Corée aux Musées royaux d'art et d'histoire, Bruxelles, gestionnaire des musées d'Extrême-Orient
- Encyclopædia Universalis : services rédactionnels de l'Encyclopædia Universalis
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