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HOLBEIN ET LA RENAISSANCE DANS LE NORD (exposition)

Les expositions monographiques sont essentielles pour apprécier l’ensemble du parcours d’un artiste. En rapprochant physiquement les œuvres conservées, elles permettent d’effectuer des comparaisons sur le vif, pour revoir et préciser les attributions et les chronologies. Hans Holbein le Jeune (1497-1543) en a bénéficié à plusieurs reprises, ce qui a en particulier servi l’exaltation de ses créations réalisées à partir de 1532, année de son installation définitive en Angleterre, où il a réalisé des portraits qui témoignent d’une profonde association entre la vérité de la représentation et le mystère exprimé par un visage lorsqu’il laisse affleurer à sa surface la richesse d’une âme.

Dans une collaboration avec le Kunsthistorisches Museum de Vienne, qui aura accueilli par la suite cette manifestation du 19 mars au 30 juin 2024, le Städel Museum de Francfort, dont on sait la richesse des collections, a eu la grande intelligence, du 2 novembre 2023 au 18 février 2024, d’explorer et de présenter le parcours de Holbein le Jeune avant ses années anglaises.

Augsbourg, un centre financier et artistique

Les œuvres réunies montraient brillamment, avec toutes les nuances nécessaires, que cet artiste est avec Dürer le maître de la Renaissance dans l’Europe du nord des Alpes, mais aussi que la synthèse qu’il offre dans ses peintures est née d’un milieu, Augsbourg, en Bavière, d’une rare intensité. C’est une ville de foires, et les Fugger sont les plus importants des commerçants et banquiers qui s’y ouvrent à tous les échanges, dans un renouvellement social et culturel, qui voit s’épanouir entre autres l’imprimerie et l’humanisme.

L’univers familial est propice pour Hans le Jeune ; son père, Hans l’Ancien, né vers 1465, est à la fin du siècle un peintre dont la renommée est en pleine croissance. Dans un de ses portraits les plus ambitieux, celui d’un patricien d’Augsbourg (Norfolk, Chrysler Museum of Art), vers 1515, les pilastres et l’arc encadré de bas-reliefs proviennent de la Renaissance italienne, mais l’homme, par sa position de trois-quarts, et par le naturalisme sensible du visage, des vêtements et des objets, manifeste toute la dette du peintre pour l’art des primitifs flamands, qu’il a longuement étudiés.

Cette ouverture à l’Italie se révèle dans ce qui constitue un vrai manifeste, la chapelle funéraire que les Fugger font construire en 1509-1512 en l’église Sainte-Anne, le plus ancien édifice Renaissance conservé au nord des Alpes, où les voûtes à ogives multiples dominent les formes les plus récentes de l’architecture vénitienne et de son décor. Là, travaillent entre autres Dürer, Hans Daucher pour la sculpture, et Jörg Breu pour la peinture des volets du petit orgue. Les Fugger prêtent aux plus grands – l’empereur Maximilien Ier en bénéficie amplement –, et la gravure, l’art de la médaille s’associent à la peinture pour des images reflétant l’ambition et l’affirmation du pouvoir politique.

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Écrit par

  • : professeur émérite d’histoire de l’art à l’université de Lille

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Média

<em>Madone du bourgmestre Jacob Meyer zum Hasen</em>, H. Holbein le Jeune - crédits : Akg-images

Madone du bourgmestre Jacob Meyer zum Hasen, H. Holbein le Jeune