HOLLYWOOD
Un pôle d'attraction national et international
Au début des années folles, Hollywood est déjà un mythe que toute une littérature journalistique, supervisée par quelques reines du potin (Louella Parsons, plus tard Hedda Hopper), amplifie et colporte aux quatre coins du monde. Un rituel quasi religieux organise la sortie des films et le culte de leurs stars (Greta Garbo, Rudolph Valentino) au rythme des « premières » organisées au Grauman’s Chinese Theatre (le début de Chantons sous la pluie en propose une très amusante parodie). À partir de 1927, la cérémonie des oscars – au cours de laquelle les deux mille membres de l'Academy of Motion Picture Arts and Sciences décernent les vingt-trois statuettes dessinées par Cedric Gibbons (directeur artistique de la Metro Goldwin Mayer, MGM) – devient l'événement phare du calendrier hollywoodien. Ultime expression du rêve américain, la consommation ostentatoire des rich and famous, le luxe des demeures construites à Beverly Hills (comme la célèbre « Pickfair » de Douglas Fairbanks et Mary Pickford), la liberté, les plaisirs et les scandales de « Tinseltown » fascinent des générations d'adolescents qui rêvent de trouver gloire et fortune en Californie. Peu réalisent ce rêve, que les films sur Hollywood, qui relèvent presque d'un genre à part entière dès l'époque du muet, contribuent à promouvoir, même lorsqu'ils prétendent en dénoncer l'illusion (Show People de King Vidor, 1928, ou A Star Is Born de George Cukor, 1954).
En revanche, les studios californiens attirent effectivement des artistes du monde entier, dont un certain nombre d'acteurs (Pola Negri, Greta Garbo, plus tard Marlene Dietrich ou Maurice Chevalier), mais surtout des réalisateurs de premier plan (le Français Maurice Tourneur, le Suédois Victor Sjöström, l'Allemand Ernst Lubitsch, le Hongrois Michael Curtiz) et beaucoup d'autres professionnels de l'image, du décor ou des costumes. Comment ces artistes n'auraient-ils pas été séduits par les moyens et le prestige offerts par les studios ? Dès les années 1910, Hollywood a ainsi bénéficié de l'apport permanent de talents étrangers. Il est même permis de penser que la créativité toujours renouvelée du cinéma américain au long de son histoire doit beaucoup à cette dialectique féconde entre la culture proprement américaine d'une moitié du personnel (pour s'en tenir aux réalisateurs : Griffith, DeMille, Walsh, Vidor ou Hawks) et celle, souvent moins consensuelle, plus volontiers critique ou ironique, des « étrangers au Paradis » (Chaplin, Stroheim, Lang, Wilder ou Hitchcock).
C'est aussi au cours des années 1920 que les structures de l'industrie trouvent leur maturité : face à un vivier persistant de petites compagnies « indépendantes », une demi-douzaine de gros « studios » verticalement intégrés (c'est-à-dire réunissant des activités de production, de distribution et d'exploitation), également appelés « majors », dominent le marché et se protègent de la concurrence en s'organisant en monopole. Ces majors se regroupent en 1922 dans la Motion Picture Producers and Distributors of America (MPPDA, devenue aujourd'hui MPAA). William Hays est placé à la tête de cet organisme, dont l'importance ne cessera de croître. Il lui est notamment confié la lourde tâche de stopper le développement des censures locales ou d'État (de plus en plus nombreuses et virulentes au début des années 1920) en mettant sur pied un code interne d'autocensure – qui trouvera sa forme définitive en 1930.
Dans l'« usine à rêves » des années 1920, les artistes du muet conservent une marge importante de liberté, soit qu'ils parviennent, grâce aux fortunes qu'ils amassent, à produire eux-mêmes leurs films (Douglas Fairbanks, Gloria Swanson, Charles[...]
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Écrit par
- Joël AUGROS : professeur en études cinématographiques, université de Bordeaux-Montaigne
- Francis BORDAT : professeur de civilisation américaine à l'université de Paris-X-Nanterre
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Médias
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