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HOLLYWOOD

Le déclin du « studio system »

Le studio system dépendait du contrôle de l'exploitation qui, seul, pouvait assurer l'écoulement régulier d'une production de masse, planifiée à long terme selon les genres, les budgets et les stars. En contraignant les studios, au nom de la loi antitrust, à vendre leur parc de salles, la Cour suprême signe en 1948 l'arrêt de mort de ce « système », au moment où l'avènement de la télévision et l'exode des classes moyennes vers les banlieues commencent à affecter sérieusement la fréquentation. Les conséquences sont immédiates : les studios diminuent leur production (elle tombe à 250 films par an dès le milieu des années 1950) et réduisent des trois quarts leur personnel sous contrat : en quelques années, ils abandonnent non seulement l'exploitation, mais aussi l'essentiel de la production à des compagnies indépendantes, pour concentrer leur activité sur le secteur plus sûrement rentable de la distribution. Les films sont désormais produits au coup par coup, le plus souvent hors du studio, et couramment hors des États-Unis, à destination d'un public plus divers, plus jeune et surtout plus rare : il y avait 80 millions de spectateurs hebdomadaires en 1946 ; on n'en compte déjà plus que 50 millions dix ans plus tard. Pour résister à la concurrence du petit écran (dont elles deviennent toutefois le principal fournisseur en réalisant téléfilms, séries et feuilletons pour les networks), les majors développent, en même temps que les budgets de leurs plus gros films, de nouvelles technologies spectaculaires : le Technicolor se généralise et l'écran large s'impose. Avec des succès artistiques et financiers contrastés, la décennie est ainsi jalonnée par la sortie de superproductions : des péplums (Les Dix Commandements, Cecil B. DeMille, 1956 ; Ben-Hur, William Wyler, 1959), mais aussi des films de guerre (Le Pont de la rivière Kwaï, David Lean, 1957) et des films d'aventure (Le Tour du monde en 80 jours, Michael Anderson, 1956).

Soucieux de conquérir et de fidéliser un nouveau public, les responsables des studios laissent par ailleurs davantage d'initiative à des « auteurs » à forte personnalité (Elia Kazan, Joseph L. Mankiewicz, Nicholas Ray, Arthur Penn, Billy Wilder, Stanley Kubrick) qui imposent des scénarios exigeants et des styles originaux. Parallèlement, le code d'autocensure s'assouplit. Il s'accommode de hardiesses thématiques, et notamment d'un érotisme inédit qu'incarne une nouvelle génération de stars (Marilyn Monroe, Kim Novak, James Dean, Marlon Brando). Mais la « chasse aux sorcières » que la Commission des activités antiaméricaines (HUAC) déclenche contre Hollywood en 1947 et que les patrons des studios acceptent lâchement est désastreuse pour beaucoup d'artistes qui se voient interdits de travail par les « listes noires », et installe à Hollywood un climat délétère. Elle n'est pas sans conséquence sur les films eux-mêmes : elle étouffe le courant « social » en plein essor après la guerre (Les Plus Belles Années de notre vie, William Wyler, 1946) et, dans le contexte de la guerre froide, ranime dans divers genres (espionnage, science-fiction) l'esprit de propagande. Elle encourage aussi, pour le meilleur parfois, pour le moins bon souvent, des œuvres plus « littéraires » et plus « psychologiques », un peu lourdement symboliques ou métaphoriques. Fréquemment interprétées par les jeunes acteurs de l'Actors Studio (Paul Newman, Shelley Winters), elles réveillent et exacerbent les contradictions idéologiques de « l'ère Eisenhower » – non sans en dénoncer parfois avec courage l'intolérance et la médiocrité (On murmure dans la ville, Joseph L. Mankiewicz, 1952).

Gene Kelly - crédits : Ernst Haas/ Getty Images

Gene Kelly

Grand spectacle et cinéma d'auteur se conjuguent pourtant avec bonheur[...]

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Écrit par

  • : professeur en études cinématographiques, université de Bordeaux-Montaigne
  • : professeur de civilisation américaine à l'université de Paris-X-Nanterre

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Médias

Cecil B. DeMille et Ernst Lubitsch - crédits : John Kobal Foundation/ Moviepix/ Getty Images

Cecil B. DeMille et Ernst Lubitsch

<it>Le Fils du cheik</it> - crédits : Hulton Archive/ MoviePix/ Getty Images

Le Fils du cheik

Harold Lloyd - crédits : Evening Standard/ Getty Images

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