- 1. La divergence Homme-grands singes africains
- 2. Les grands singes fossiles
- 3. Des grands singes aux Hominidés
- 4. Une question de climat ?
- 5. Le premier bipède avéré, « Orrorin tugenensis »
- 6. Le cas d'« Ardipithecus »
- 7. « Sahelanthropus tchadensis »
- 8. Les Australopithèques
- 9. Les premiers Hommes
- 10. Les sorties d'Afrique
- 11. Les premiers « Homo sapiens »
- 12. Hommes de Néandertal et Hommes modernes
- 13. Le cas de l'Homme de Flores
- 14. Culture, société et milieu
- 15. Bibliographie
HOMINIDÉS
La connaissance de notre histoire, conditionnée par la découverte de fossiles, est forcément biaisée par le fait que les données sont fragmentaires, et ce pour toutes les périodes. Les scénarios évoluent donc continuellement en fonction de nouvelles découvertes et de la réinterprétation des fossiles qui est liée à l'amélioration des techniques et de nos connaissances. C'est pour cela que l'histoire de notre histoire est en perpétuel mouvement. Tout le problème réside dans la définition du terme Hominidés ou Hominidae. Depuis le début des années 1980, ce mot a connu beaucoup de vicissitudes et, aujourd'hui, on ne sait plus très bien ce qu'il signifie. C'est avec les développements de la biologie moléculaire que le sens du mot a évolué. Selon les auteurs et les travaux réalisés, les Hominidés représentent soit les grands singes africains et l'Homme, les premiers appartenant à la sous-famille des Gorillinae (= Paninae) et les seconds à celle des Homininae ; soit exclusivement l'Homme et ses parents fossiles, les grands singes africains étant alors rassemblés, dans ce cas, sous le nom de Gorillidae(= Panidae) (terme élevé au rang de la famille). Au cours de cet article, pour éviter des confusions, le terme Hominidés sera utilisé dans son sens restreint.
La divergence Homme-grands singes africains
Dans les années 1980, certains molécularistes ont estimé que les changements biologiques au cours du temps se faisaient à vitesse constante (la fameuse notion d'« horloge moléculaire ») : la date de divergence entre les grands singes africains et l'Homme avait donc été estimée à 2 millions d'années (Ma) environ pour certains et jusqu'à 4 Ma pour d'autres. Cette horloge ne pouvait pas fonctionner à un rythme homogène pour des raisons évidentes : les vitesses de reproduction varient en fonction des espèces (par exemple, le patrimoine génétique des souris est renouvelé plus rapidement que celui des éléphants). Il n'était donc pas possible de calculer des divergences sur des vitesses constantes d'évolution. Les travaux se sont affinés ; les paléontologues et les molécularistes se sont accordés à situer cette divergence aux alentours de 7 à 6 Ma. Cette date semblait valide jusqu'en 2000, année de la mise au jour d'Orrorintugenensis, Hominidé âgé de quelque 6 Ma. Cette découverte, atteste l'origine ancienne des Hominidés et donc une séparation entre ceux-ci et les grands singes située entre 9 et 8 Ma. Depuis lors, l'ancienneté de cette divergence a été confirmée par d'autres fossiles, notamment ceux qui appartiennent à une sous-espèce d'Ardipithèque vieille de près de 5,6 Ma en Éthiopie – qui ont fait l'objet d'une publication en 2001 et 2004 –, puis celui d'un Hominidé potentiel au Tchad, Sahelanthropustchadensis, publié en 2002. Les origines de l'Homme prennent donc sans aucun doute de l'âge.
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Écrit par
- Brigitte SENUT : professeure de première classe au Muséum national d'histoire naturelle
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