- 1. La divergence Homme-grands singes africains
- 2. Les grands singes fossiles
- 3. Des grands singes aux Hominidés
- 4. Une question de climat ?
- 5. Le premier bipède avéré, « Orrorin tugenensis »
- 6. Le cas d'« Ardipithecus »
- 7. « Sahelanthropus tchadensis »
- 8. Les Australopithèques
- 9. Les premiers Hommes
- 10. Les sorties d'Afrique
- 11. Les premiers « Homo sapiens »
- 12. Hommes de Néandertal et Hommes modernes
- 13. Le cas de l'Homme de Flores
- 14. Culture, société et milieu
- 15. Bibliographie
HOMINIDÉS
Les Australopithèques
Les autres plus anciens Hominidés proviennent des niveaux Pliocènes (environ 5 Ma) du Kenya et de l'Éthiopie. Ce sont des Australopithèques. Les premiers ont été découverts dans le sud de l'Afrique en 1924 et reconnus comme tels en 1925 par Raymond Dart, l'anatomiste de l'université du Witwatersrand (Afrique du Sud). Ensuite, avec la « ruée vers l'os » est-africaine, de très nombreux spécimens ont été récoltés en Éthiopie, au Kenya et en Tanzanie, et, en 1995, d'autres pièces ont été signalées au Tchad. On voit une véritable explosion des espèces et aujourd'hui, on en reconnaît huit qui ne sont toutefois pas acceptées par tous les chercheurs : Australopithecusanamensis, A. afarensis, A. africanus, A. bahrelgazahli, A. garhi, A. robustus, A. aethiopicus et A. boisei. Ces trois dernières espèces sont parfois rattachées au genre Paranthropus. Par ailleurs, il ne faut pas oublier que certaines espèces sont discutées ; c'est le cas de A. afarensis et A. anamensis. Le consensus est loin d'être acquis pour ces dernières. Les relations de parenté entre tous ces Australopithèques ne sont pas toujours très claires et varient en fonction des auteurs. Pour certains, A. afarensis est l'ancêtre de tous les autres Australopithèques et de l'Homme, pour d'autres, cette espèce aurait déjà co-habité avec les premiers Hommes. Le problème se complique par le fait que la validité de certaines espèces serait elle-même discutée, comme A. anamensis, placée sur la lignée des Australopithèques pour certains ou sur la lignée humaine pour d'autres.
« Australopithecus anamensis »
Cette espèce, découverte par Meave Leakey et Alan Walker en 1995, sur les sites kenyans de Kanapoi et d'Allia Bay serait vieille de 4,4 à 3,2 Ma environ. Elle est représentée par des fragments de mâchoires et des os des membres, dont un récolté dans les années 1960 par Bryan Patterson et son équipe. Ce qui est particulièrement intéressant est que les mâchoires présentent des caractères que l'on retrouve chez certains spécimens d'A. afarensis de Hadar, en Éthiopie (comme Lucy), ou de Laetoli, en Tanzanie, et que le squelette postcrânien est très humain (il ne peut être distingué d'un Homme actuel). Cette espèce est donc très humaine par le squelette postcrânien et moins humaine par ses dents. De nombreux paléontologues considèrent A. anamensis comme l'ancêtre de tous les autres Australopithèques et de l'Homme, ou bien comme un Australopithèque un peu particulier. Mais cette espèce, très humaine par son squelette locomoteur, pourrait aussi être considérée comme un témoignage ancien de la lignée exclusivement humaine et ce, dès 4 Ma. Il faut rappeler en effet, que les célèbres traces de pas du bipède de Laetoli en Tanzanie (découvertes en 1978 par Mary Leakey et son équipe), vieilles de 3,8 Ma, seraient également très humaines. Ces données font aujourd'hui l'objet de nombreuses discussions dans les milieux scientifiques.
« Australopithecus afarensis »
L'Australopithecusafarensis, connu aujourd'hui (entre 4,4 et 2,6 Ma) en Éthiopie, en Tanzanie et peut-être au Kenya, est probablement l'espèce d'Australopithèque la plus célèbre depuis la découverte, en 1974, sur le site de Hadar, en Éthiopie, d'un squelette complet à 40 p. 100, baptisé Lucy. Ce dernier, mis au jour par une équipe franco-américaine co-dirigée par Yves Coppens, Donald Johanson et Maurice Taieb, serait âgé de 3,2 Ma. A. afarensis est un être de taille plutôt petite (1,10 m en moyenne), possédant une boîte crânienne de la taille de celle d'un chimpanzé (la capacité crânienne de Lucy est de 360 cm3). Les incisives centrales sont larges (un peu comme chez les chimpanzés), les molaires sont plus massives que celles des grands[...]
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Écrit par
- Brigitte SENUT : professeure de première classe au Muséum national d'histoire naturelle
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