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MISLIYA HOMME DE

Découvert dans la grotte de Misliya – site préhistorique situé sur le flanc ouest du mont Carmel, près de la ville de Haïfa, au nord d’Israël, et des gisements de Tabun et Skhul –, l’homme de Misliya est le plus ancien représentant des hommes anatomiquement modernes du Levant. Ce fossile humain vieux de quelque 180 000 ans, et connu simplement par un maxillaire (mâchoire supérieure), repousse ainsi de plus de 60 000 ans la présence attestée de cette lignée humaine hors du continent africain.

Hommes fossiles, hommes modernes et importance du Levant

Avec l’extrémité occidentale de l’Europe (France, Allemagne, Espagne), l’Afrique du Sud et, depuis 2017, le Maroc – à la suite de nouvelles datations des fossiles du site archéologique Djebel Irhoud livrant un âge de quelque 300 000 ans –, le Levant, et plus précisément Israël, est l’une des rares régions du monde qui occupent une place incontournable dans la compréhension de l’histoire de la lignée des hommes anatomiquement modernes, c’est-à-dire, pour les auteurs de la découverte de l’homme de Misliya, celle des Homo sapiens. Rappelons que le statut taxinomique de l’homme anatomiquement moderne n’est pas consensuel chez les scientifiques. Pour certains paléoanthropologues et paléontologues, l’espèce Homo sapiens ne représente que la lignée des hommes modernes. Il s’agit actuellement de la théorie qui fait le plus consensus au sein de la communauté scientifique quant à l’histoire phylogénique des taxons humains du Pléistocène moyen et du Pléistocène supérieur de l’Ancien Monde. Mais, pour d’autres, cette lignée d’hommes modernes correspond seulement à la sous-espèce Homo sapienssapiens.

C’est dans les années 1930 puis dans les décennies 1960 et 1970, sur les sites israéliens de Skhul et Qafzeh, qu’avaient été mis au jour les plus anciens représentants – entre 120 000 et 92 000 ans – d’hommes anatomiquement modernes lors des fouilles dirigées par la Britannique Dorothy Garrod (1892-1968), l’Américain Theodore McCown (1908-1969), les Français René Neuville (1899-1952), puis Bernard Vandermeersch. Ils sont associés à des vestiges lithiques moustériens, dits levantins pour cette région, caractérisés par une production d’éclats Levallois allongés et (ou) triangulaires (pointes).

De plus, dans d’autres gisements fossiles israéliens (Kebara, Amud, ’Ein Qashish) chronologiquement plus récents (entre 70 000 et 55 000 ans), ont été découverts des Néandertaliens. Ils sont eux aussi les artisans d’un Moustérien levantin. Ces derniers seront ensuite remplacés par des hommes modernes, comme à la grotte de Manot (ou encore, en Syrie, à Ksar Akil), artisans des premières industries lithiques du Paléolithique supérieur (comme l’Initial UpperPalaeolithicou l’Ahmarien). Celles-ci permettent la production d’éclats systématiquement laminaires (en forme de lames), souvent de très petites dimensions (lamelles) à partir de nucléus (blocs de matière première) siliceux. Cette production implique, relativement à celle du Moustérien, une gestion volumétrique et un débitage différents des nucléus avec des techniques distinctes comme l’utilisation de percuteurs tendres en bois végétal ou en os ou bois d’animaux. À quantité égale de matière première, cela permet de mieux contrôler cette production et donc de produire beaucoup plus d’éclats laminaires ou lamellaires.

Une des problématiques importantes sur le territoire du Levant est l’appartenance phylogénique des fossiles humains antérieurs aux hommes modernes de Skhul et Qafzeh. Sont-ils proches de ces hommes anatomiquement modernes qui pourraient y trouver leur origine ou plutôt des membres de la lignée néandertalienne ? Pour des raisons diverses telles que l’ancienneté des découvertes, les incertitudes chronologiques, la morphologie des fossiles ou encore[...]

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Écrit par

  • : directeur de recherche au CNRS, directeur du département de sciences archéologiques de l'université de Bordeaux

Classification

Médias

Homme de Misliya - crédits : avec l’aimable autorisation d’Israel Hershkovitz

Homme de Misliya

Crânes de Néandertalien et d’homme moderne - crédits : B. Maureille, DAO F. Lacrampe-Cuyaubère, Archéosphère (Quirbajou) et G. Devilder (CNRS, UMR5199 PACEA).

Crânes de Néandertalien et d’homme moderne