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HOMMES ET FEMMES, Robert Browning Fiche de lecture

Une poésie polyphonique

Dans Hommes et femmes, Browning démontre toute la virtuosité de sa lyre. Les poèmes musicaux semblent rivaliser harmoniquement avec les morceaux dont ils se font l'écho. Browning sait admirablement varier la forme en parcourant toute la gamme qui va du poème purement dramatique comme « Sur un balcon » à un poème aussi lyrique que « À deux dans la campagne romaine ».

Il renouvelle en l'explorant en profondeur le genre du monologue dramatique, où chaque persona, par son univers culturel et ses idiosyncrasies langagières (expressions techniques argotiques, pédantes, etc.), acquiert une voix propre. Dans cette extraordinaire galerie de personnages, Browning excelle à nous rendre le grain de la voix de chacun, de la gouaille insolente du moine Lippo à la rouerie de l'évêque Blougram. Par-delà le poème individuel, certains titres (« Avant », « Après ») ou certains locuteurs (« Fra Lippo Lippi » et « Andrea del Sarto ») paraissent se répondre, invitant le lecteur à mettre les poèmes en dialogue. À la variété des locuteurs répond celle des interlocuteurs qu'on croit entendre – tour à tour homme ou femme, individu ou groupe, passif ou actif, distinct ou vague. Par le jeu des renvois plus ou moins ironique, par le réseau des voix qui se mêlent et se mettent en valeur, Hommes et femmes apparaît à bien des égards comme une œuvre polyphonique.

— Yann THOLONIAT

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Écrit par

  • : ancien élève de l'École normale supérieure, chargé de cours à l'Université de Paris-III Sorbonne nouvelle

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