HOMO LUZONENSIS ou HOMME DE CALLAO ou HOMME DE LUÇON
Une nouvelle espèce ?
Selon Florent Détroit, auteur principal de l’étude de ces fossiles, « cette mosaïque de caractères primitifs et modernes n’a encore jamais été rencontrée chez aucune espèce humaine, fossile ou actuelle, connue », raison pour laquelle une nouvelle espèce, Homo luzonensis, a dû être créée.
Il faut bien comprendre qu’en paléontologie la définition biologique de l’espèce, qui repose avant tout sur le fait que ses membres puissent engendrer entre eux des descendants fertiles, ne peut être appliquée stricto sensu : lorsqu’une nouvelle découverte ne ressemble à rien de connu, on crée alors une nouvelle espèce. Celle-ci correspond à une « boîte », fixée dans un cadre morphologique, géographique et chronologique, ce qui permet d’interpréter sa présence par rapport aux autres espèces existantes.
Depuis le début du xxie siècle, au gré des découvertes, de nouvelles espèces du genre Homo sont apparues : Homo georgicus, mis au jour sur le site de Dmanissi (Dmanisi en anglais) en Géorgie, vieux de quelque 1,8 million d’années et défini en 2002 ; Homo floresiensis, découvert l’année suivante sur l’île de Flores, en Indonésie, et ayant vécu il y a 60 000 à 100 000 ans. Quant à l’homme de Denisova (ou Dénisovien), il a été défini en 2010 non à partir de critères morphologiques, mais grâce à l'étude de l’ADN d’un fragment de phalange de la main découvert en bordure des montagnes de l'Altaï, au sud de la Russie, et daté entre 55 000 et 65 000 ans.
Toutes ces découvertes surprennent par leur morphologie, leur âge ou simplement leur lieu, et demandent à être confirmées. Petites « boîtes » dans le temps et l’espace, ces espèces fossiles permettent d’avancer dans nos connaissances et notre compréhension de l’histoire humaine. Comme le souligne Florent Détroit, « la création d’une nouvelle espèce d’homme fossile n’est pas un acte “sacré”, cela permet d'attirer l'attention sur des restes humains qui sont différents de ce que l’on connaît déjà. Si, plus tard, on s’aperçoit que l’on s’était trompé, alors on oubliera ! ».
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Écrit par
- Dominique GRIMAUD-HERVÉ : professeure d'anthropologie, Muséum national d'histoire naturelle, Paris
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