HONDURAS
Nom officiel | République du Honduras |
Chef de l'État et du gouvernement | Xiomara Castro - depuis le 27 janvier 2022 |
Capitale | Tegucigalpa |
Langue officielle | Espagnol |
Population |
10 644 851 habitants
(2023) |
Superficie |
112 490 km²
|
Article modifié le
Histoire
Le Honduras précolombien
Le Honduras, dont le peuplement remonte au moins à 20 000 ans avant J.-C., apparaît comme une région centraméricaine où l'agriculture s'est développée dès la période néolithique (racines, maïs, haricots, courges et citrouilles). L'existence, attestée vers 3000 avant J.-C., de centres voués à l'élaboration d'une architecture de pierres colossales s'épanouit avec la construction de la cité de Copán, vers 150 après J.-C. Copán, la deuxième métropole maya après Tikal, fascine encore avec ses pyramides et ses sanctuaires, son escalier monumental, son acropole et son terrain de jeu de balle. Dans ce foyer majestueux, avec des sculptures en trachyte (pierre volcanique de couleur vert clair), subsistent des témoignages surprenants d'une recherche mathématique et astronomique qui atteignit sa plénitude à la fin du viie et au début du viiie siècle. L'échelonnement des dates montre que la brillante période classique s'étend de 455 à 805. Tenampua, à 30 kilomètres de Comayagua, garde également des vestiges de fortifications et de pyramides. La grande aire de civilisation maya se déploie jusqu'à Tela, sur le golfe du Honduras, et ne dépasse pas le fleuve Ulúa, où vit la population Lenca, dont la culture a été fortement influencée par celle des Mayas. Le reste du territoire, moins développé culturellement, fut pendant longtemps une voie de passage pour les populations qui longèrent le littoral des Caraïbes.
Conquête et colonisation
Le 30 juillet 1505, lors de son quatrième et dernier voyage, Christophe Colomb atteignait l'île Guanaja (Bonacca), appartenant à l'archipel de Bahía. Si l'amiral s'était dirigé vers l'ouest, il aurait rencontré le domaine maya, mais il préféra s'orienter vers l'est et longer, jusqu'au 14 septembre, la basse côte du Honduras, de Punta Caxinas au cap Gracias a Dios. Le même jour, Colomb rencontrait un énorme canoa, de la dimension d'une galère, chargé de marchandises, ayant à son bord vingt-cinq hommes, des femmes et des enfants. Un cabotage aux origines anciennes reliait les territoires de la périphérie maya le long des côtes bordant la mer des Caraïbes.
Après le départ de Christophe Colomb, la région du Honduras resta éloignée des préoccupations des conquistadores, plus soucieux de se rendre à Mexico ou au Darién. Des incursions eurent lieu entre 1510 et 1520 dans la baie du Honduras pour capturer des autochtones et les vendre comme main-d'œuvre aux îles, alors les premières touchées par le génocide des populations amérindiennes. Ces raids esclavagistes furent combattus énergiquement au milieu du xvie siècle par deux hommes : l'évêque Cristobal de Pedraza et Alonso López de Cerrato. Quatre chefs de bande se disputèrent les territoires du Honduras : Pedro de Alvarado, Cristobal de Olid, un lieutenant de Cortés, Francisco de Montejo, partis du Nord, et Pedrarias Davila, parti du Darién. En 1542, l'Audiencia de Guatemala fut créée. Elle dépendait de la vice-royauté du Nouveau-Mexique et comprenait sept provinces : Soconusco, Chiapa, Verapaz, Guatemala, Honduras, Nicaragua et Costa Rica. La colonie du Honduras apparut au xvie siècle comme une large bande de côte allant du golfe de Amatique à l'embouchure du Rio Coco, sur 880 kilomètres. Pour l'Espagne, l'intérêt du Honduras résidait dans ses ports, cependant assez médiocres (Trujillo, Puerto Caballos, Amatique), et surtout dans ses mines.
Industrie minière et peuplement
L'exploitation des mines commença vers 1530 dans les centres de Trujillo, Gracias a Dios, San Pedro Sula et Comayagua. Une main-d'œuvre indigène capturée et soumise au travail forcé (repartimiento) était utilisée. Les exportations de métaux précieux atteignaient un niveau très appréciable dès 1539-1542. Le nombre des indigènes tributaires, qui s'élevait à 400 000 en 1524, d'après Girolamo Benzoni (La HistoriadelMondo Nuovo, Venise, 1565), n'était plus que de 15 000 en 1539 et de 8 000 en 1541, d'après Pedraza. Juan López de Velasco, qui décrit la région vers 1571-1574, évoque les rudes pistes de cette province, qui serpentent à travers une zone montagneuse et forestière et qui deviennent quasi impraticables par temps de pluie à cause du gonflement brutal des rivières. Le Honduras comptait alors 250 à 350 vecinos (habitants), 220 à 230 pueblos (villages) d'indigènes soumis.
Vers 1580, une trentaine de petites mines d'argent se répartissaient dans la région montagneuse partiellement conquise au sud et à l'est de Comayagua et dans l'Olincho. Grâce au boom minier, des nègres purent être importés en grand nombre au Honduras, particulièrement à Tegucigalpa. Avec une telle main-d'œuvre, la production s'éleva jusqu'à atteindre en 1584 un total officiel de 12 500 marcs d'argent. Dans sa lettre au roi du 17 février 1581, Juan Cisneros de Reynoso, Alcade mayor de Tegucigalpa, évoquait quelques-uns des problèmes les plus pressants qui se posaient pour le développement de l'industrie minière. Il observait que sur la trentaine de mines deux seulement étaient à retenir pour leur activité potentielle, car les autres appartenaient à des individus manquant de capitaux pour les exploiter. En outre, le manque de travailleurs nègres découlait de ce manque de capitaux. La nature du terrain, la dureté des roches étaient des obstacles encore plus graves pour l'exploitation des mines. Quand les mineurs trouvaient des filons très riches, ils se montraient incapables de les exploiter faute d'outils et de moyens appropriés, en dehors du feu qu'on utilisait alors généralement. L'absence de riches personnages capables d'investir des capitaux dans l'activité minière, comme cela se passait au Mexique et au Pérou, ne facilitait pas non plus la croissance de l'industrie minière à Tegucigalpa. Vers 1584, environ cinq cents nègres travaillaient dans les mines. Le centre de la vie économique du Honduras se déplaça progressivement des rives de la mer des Caraïbes vers les régions montagneuses de l'hinterland. Des bourgades se fondèrent dans ces régions montagneuses où la circulation s'effectuait à dos de mulet. Tegucigalpa, par exemple, à 935 mètres d'altitude, entourée de cerros, fut fondée autour d'un village indigène et d'un campement de mineurs, en 1578. Érigée en villa en 1762 (Real Villa de San Miguel de Tegucigalpa de Heredia), elle devint une ciudad en 1821.
La fonderie des minerais entraîna le développement d'une industrie du sel, dont les mines avaient besoin en grande quantité dans le processus d'amalgame. Des marais salants situés derrière les mangroves, le long de la baie de Fonseca, fournirent le sel nécessaire. En outre, vers 1570, un trafic régulier de bétail s'était établi entre le Honduras et le Guatemala central. Santiago du Guatemala, siège de l'Audiencia, obligeait les propriétaires de bétail à approvisionner d'abord la capitale, où les prix étaient d'ailleurs plus élevés. L'industrie minière fut associée à une société caractérisée par sa mobilité, son goût du jeu, ses émeutes et des escroqueries financières qui marquèrent la colonie aux xviie et xviiie siècles.
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Écrit par
- Noëlle DEMYK : professeur de géographie à l'université de Paris-VII-Denis-Diderot
- David GARIBAY : maître de conférences en science politique à l'université de Lyon-II-Lumière
- Oruno D. LARA : professeur d'histoire, directeur du Centre de recherches Caraïbes-Amériques
- Encyclopædia Universalis : services rédactionnels de l'Encyclopædia Universalis
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Autres références
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HONDURAS, chronologie contemporaine
- Écrit par Universalis
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AMÉRIQUE (Structure et milieu) - Géologie
- Écrit par Jean AUBOUIN , René BLANCHET , Jacques BOURGOIS , Jean-Louis MANSY , Bernard MERCIER DE LÉPINAY , Jean-François STEPHAN , Marc TARDY et Jean-Claude VICENTE
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Comprenant l'extrême sud du Guatemala, le Salvador, leHonduras et la plus grande partie du Nicaragua, l'Amérique centrale nucléaire est séparée de l'extrême sud du continent nord-américain par la zone de faille senestre de la transversale de Polochic-Motagua. Elle est caractérisée par la présence... -
ARIAS SÁNCHEZ OSCAR (1941- )
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Président du Costa Rica de 1986 à 1990, puis de 2006 à 2010.
Né le 13 septembre 1941 à Heredia au sein d'une des plus riches familles de planteurs de café du Costa Rica, Oscar Arias Sánchez étudie l'économie à l'université du Costa Rica et obtient un doctorat en sciences politiques à l'université...
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