HONG KONG
Situé à l'embouchure de la rivière des Perles, au sud-est de la Chine, le « port des parfums » (Heung Kong en cantonais, Xianggang en mandarin), colonie britannique depuis 1842, est devenu, le 1er juillet 1997, une région administrative spéciale (RAS) de la République populaire de Chine. Avec 7,291 millions d'habitants (en 2022) pour 1 096 km2, elle compte l'une des densités les plus élevées au monde. Son revenu par habitant de 49 660 dollars la met au deuxième rang en Asie, et en fait le deuxième territoire peuplé de Chinois le plus prospère du monde après Singapour.
Le « rocher stérile » où débarquèrent les marchands britanniques en 1841 ne semblait nullement promis à un brillant avenir. Refuge des trafiquants d'opium après avoir abrité des pirates, il a été l'un des principaux points de rencontre entre l'Occident triomphant et le vieil Empire du Milieu. Tête de pont commerciale de l'Empire britannique sur le continent chinois, Hong Kong a servi d'école de modernité à la Chine : une bourgeoisie commerçante y est apparue très tôt, et la liberté d'expression garantie par le gouvernement colonial en a fait un refuge pour tous les dissidents, de Sun Yat-sen aux démocrates d'aujourd'hui en passant par les communistes avant 1949. Hong Kong a fait fonction de base de débat politique offshore.
Devenu une puissance industrielle au cours des années 1960, Hong Kong avait délocalisé la plus grande partie de son secteur manufacturier à partir de 1985 et, dès l'ouverture de la Chine (1979), ses entreprises étaient devenues les premiers investisseurs étrangers sur le continent tandis que la République populaire était le premier investisseur à Hong Kong même.
Vingt-cinq ans après la rétrocession, les cadres financiers de la République populaire viennent toujours s'y initier aux finances modernes. La Bourse de Hong Kong permet aux entreprises chinoises de recueillir les capitaux dont elles ont besoin, et de privatiser certaines firmes d'État au profit de leurs dirigeants. Les banques de la RAS abritent ainsi des fonds – pas toujours bien acquis – appartenant à la nomenklatura du continent.
Depuis 1997, la présence de la Chine se fait de plus en plus prégnante dans les affaires de Hong Kong, qui a du mal à conserver son système juridique, sauf pour le droit des contrats. Le durcissement politique intervenu à Pékin à la suite de l’arrivée au pouvoir de Xi Jinping en 2012 a porté un coup très dur à l’autonomie de Hong Kong.
Après un timide processus de démocratisation au début des années 1990, Hong Kong fut pendant deux décennies la seule région de la République populaire connaissant des élections relativement libres et le multipartisme. Mais depuis 2020, Pékin a repris en main la région et supprimé l’essentiel des libertés politiques qui la caractérisaient. Ainsi, la promesse de Deng Xiaoping consistant à maintenir la formule « un pays, deux systèmes » jusqu’en 2047 a été vidée de son sens.
Le milieu naturel
La région administrative spéciale de Hong Kong (1 096 km2) est constituée par l'île de Hong Kong (80 km2) et la péninsule de Kowloon (47 km2), d'une part, et par les Nouveaux Territoires (969 km2), d'autre part, qui comprennent une grande région péninsulaire située au nord de Kowloon, et plus de 230 îles baignées par la mer de Chine méridionale.
La sensation du manque d'espace est un paradoxe qui s'explique par d'importantes contraintes naturelles. Le territoire de Hong Kong, très montagneux, mais de faible altitude – culminant au Taimo Shan (958 m), dans les Nouveaux Territoires –, est principalement constitué de collines herbeuses (520 km2) ou forestières (220 km2) à pente forte, protégées et reboisées, en tant que réserves et parcs naturels et, par conséquent, très peu densément peuplées. Le quart[...]
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Écrit par
- Jean-Philippe BÉJA : directeur de recherche émérite au CNRS, Centre d'études et de recherches internationales-Sciences Po
- Pierre SIGWALT : docteur de troisième cycle en études sur l'Extrême-Orient et l'Asie-Pacifique, consultant-formateur Chine, journaliste
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Médias
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