HONG KONG
Histoire
La formation du territoire
Lorsque le capitaine Elliott débarqua le 21 janvier 1841 sur ce que le secrétaire au Foreign Office lord Palmerston qualifiait de « Rocher stérile », nul ne pensait que le « port des parfums » (Heung Kong en cantonais) deviendrait un laboratoire pour la modernisation de la Chine ; ni les marchands libre-échangistes un peu flibustiers, qui cherchaient un havre pour développer leur trafic d'opium, ni l'aristocrate mandchou qui céda le territoire à Sa Gracieuse Majesté. Du reste, sur le moment, tant Elliott que Qi Shan furent désavoués par leur gouvernement.
Tout avait mal commencé pour cette colonie : les trois dates qui marquent sa naissance et son extension scandent le déroulement de l'une des plus graves humiliations subies par la Chine au cours de sa longue histoire. En effet, c'est à l'issue de la première guerre de l'opium (1839-1842), livrée à l'empire mandchou décadent par une Grande-Bretagne pionnière de la révolution industrielle et maîtresse des mers, que le traité de Nankin a reconnu la cession à perpétuité de l'île de Hong Kong à la Couronne britannique. En 1860, la convention de Pékin, qui mettait un terme à la deuxième guerre de l'opium aboutit à l'abandon de la péninsule de Kowloon (« les neuf dragons » en cantonais). Enfin, la Grande-Bretagne obtint, en 1898, un bail sur les Nouveaux Territoires en profitant de la grave défaite qu'infligea à la Chine, en 1895, un Japon méprisé mais qui avait su se moderniser. Incapable de résister aux pressions militaires étrangères, ne parvenant pas à relever le défi de la modernité, occupé à réprimer les nombreuses insurrections qui l'agitaient, sortant à peine d'une période de réforme avortée, l'empire des Qing accorda à la Grande-Bretagne, un bail de 99 ans sur les trois quarts du district de Xin'an, peuplés de 100 000 habitants, bail qui a expiré le 30 juin 1997.
Hong Kong a été sans aucun doute l'un des lieux privilégiés de la rencontre explosive entre un Occident industriel moderne et le plus antique empire continental de la planète qui se considérait comme le centre de la civilisation. Les étapes de la création de la colonie montrent que la Chine a eu beaucoup de mal, contrairement au Japon, à prendre la mesure du défi représenté par la puissance britannique. Les « barbares d'au-delà des mers », contrairement à leurs prédécesseurs d'Asie centrale, n'avaient pas pour intention première de conquérir et d'administrer l'empire. Ils voulaient lui imposer l'ouverture commerciale et exploiter ses richesses.
Un centre de commerce international
Les marchands réunis derrière la firme Jardine et Matheson, les principaux vendeurs d'opium, qui allaient devenir la plus grande compagnie de Hong Kong (encore très puissante à ce jour) voulaient avant tout s'enrichir par le commerce. Ardents défenseurs d'un libre-échange n'hésitant pas à recourir aux canonnières pour s'imposer, ils étaient convaincus qu'un territoire gouverné par la Couronne britannique leur permettrait de forcer les Mandchous à ouvrir leurs portes. Jusqu'en 1857, le gouverneur de Hong Kong fut aussi surintendant du commerce en Chine, et la colonie joua un rôle essentiel dans la diplomatie et le commerce britanniques avec l'Empire du Milieu. Ce rôle diplomatique diminua sérieusement lorsque la Chine accepta d'ouvrir des ambassades à Pékin à la suite de la deuxième guerre de l'opium.
Port franc dès l'origine, Hong Kong se consacra exclusivement au commerce pendant un siècle, ce qui en fait une colonie très particulière : en cent quarante-cinq ans d'existence, elle ne comptera jamais plus de 4 % de Britanniques. Toutefois, elle attira toujours un grand nombre d'immigrants de la province voisine du Guangdong. Dix ans après[...]
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Écrit par
- Jean-Philippe BÉJA : directeur de recherche émérite au CNRS, Centre d'études et de recherches internationales-Sciences Po
- Pierre SIGWALT : docteur de troisième cycle en études sur l'Extrême-Orient et l'Asie-Pacifique, consultant-formateur Chine, journaliste
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