HONG KONG
Hong Kong depuis la rétrocession
Un pays, deux systèmes
À la veille de la rétrocession de la colonie britannique à la Chine, les débats faisaient rage entre les Cassandre qui affirmaient qu'il ne faudrait que quelques années pour que Hong Kong subisse le sort de Shanghai en 1949 et devienne « une ville chinoise comme les autres » et ceux qui, au contraire, affirmaient que la République populaire avait toujours respecté les traités internationaux qu'elle avait signés et qu'elle laisserait à Hong Kong le « haut degré d'autonomie » qu'elle lui avait promis dans la Loi fondamentale, qui est devenue la Constitution de la nouvelle Région administrative spéciale (RAS) le 1er juillet 1997. Pendant les deux décennies qui ont suivi la rétrocession, l’autonomie de Hong Kong a été à peu près respectée mais, après les manifestations qui ont secoué la région en 2019, Pékin est intervenu pour y mettre pratiquement un terme.
Le voyageur qui traverse aujourd'hui le pont sur la rivière Shenzhen séparant la RAS de Hong Kong de la zone économique spéciale de Shenzhen reste frappé par les différences, même si, depuis 1997, Shenzhen a connu un développement impressionnant et si, avec l’épidémie de Covid-19 (à partir de 2020), la RAS a subi de profonds changements. On y roule toujours à gauche, on y parle toujours le cantonais tant dans la rue qu’à la radio et à la télévision, même si l'on parle beaucoup plus le mandarin que du temps des Britanniques,
Le secteur du bâtiment a connu un boom impressionnant depuis 1997 ; le bras de mer qui sépare l'île de Hong Kong de la péninsule de Kowloon s'est réduit comme peau de chagrin pour ne plus mesurer que 800 mètres. La monnaie est toujours le dollar de Hong Kong, lié par un taux de change fixe au dollar américain (7,80 dollars de Hong Kong pour 1 dollar des États-Unis), les Églises chrétiennes restent influentes. Et, comme l'avait promis Deng Xiaoping au gouverneur Murray McLehose en 1979, les chevaux continuent de courir et les gens de danser – hormis durant la pandémie de Covid-19 et les restrictions mises en place pendant presque deux ans – et on continue de jouer en Bourse. Le Jockey Club organise toujours ses ventes de charité, et les membres de l'élite des affaires se retrouvent encore au Hong Kong Club.
La croissance démographique est essentiellement assurée par les migrations en provenance de République populaire. La population a connu un accroissement régulier jusqu’en 2021, où l’on comptait 7,488 millions d'habitants. Mais, l’année suivante, sous l’influence de diverses crises elle est retombée à 7 291 millions. Un quart de siècle après la rétrocession, le revenu par habitant se situe au deuxième rang en Asie, avec 49 660 dollars contre plus de 72 794 à Singapour. Il faut dire que la RAS a été sérieusement frappée par la crise financière de 2008 et par les mesures restrictives qui ont accompagné l’épidémie de Covid-19 de 2020 à 2022.
Économie : une relation complexe avec le continent
Pékin au secours de Hong Kong
Depuis la rétrocession, Hong Kong a connu de nombreuses crises, économiques, politiques et sociales. Ville internationale, elle a été frappée par les soubresauts de l'économie mondiale. En outre, si la Chine a beaucoup changé depuis 1997 et, en un sens, s'est rapprochée de Hong Kong en termes de développement, son rôle s'est accru, et elle constitue aujourd'hui un partenaire incontournable pour la RAS.
À tel point que les rôles se sont quelque peu inversés : alors que, pendant les années 1980 et 1990, le territoire britannique avait largement contribué au développement et à l'ouverture de la République populaire grâce à ses investissements, à sa position centrale dans le commerce extérieur chinois, à son savoir-faire en matière de finances et à son port franc, à partir de 1997, c'est[...]
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Écrit par
- Jean-Philippe BÉJA : directeur de recherche émérite au CNRS, Centre d'études et de recherches internationales-Sciences Po
- Pierre SIGWALT : docteur de troisième cycle en études sur l'Extrême-Orient et l'Asie-Pacifique, consultant-formateur Chine, journaliste
Classification
Médias
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