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HONG SANG-SOO (1960- )

Du marivaudage au mélodrame

Au carrefour des années 2000, avec l’avènement des multiplexes, le cinéma coréen s’oriente vers des productions plus commerciales. Dans ce contexte, Hong Sang-soo doit travailler avec des budgets de plus en plus réduits et conduire ses mises en scène vers plus de dépouillement. Tous ses films seront tournés en vidéo et bricolés avec des moyens sommaires. Les génériques sont désormais des cartons écrits à la main, les intrigues se concentrent sur quelques lieux. En 2006, la dernière image de Woman on the Beach, silhouette féminine seule sur l’étendue de sable froid, reflète peut-être la situation du cinéaste, abandonné… mais libre ! Tourné à Paris, Night and Day (2008) dévoile une nouvelle figure dans l’œuvre de Hong Sang-soo : l’étranger égaré en pays lointain. Elle reviendra en 2012 dans In AnotherCountry, avec Isabelle Huppert puis, en 2017 dans Seule sur une plage la nuit et La Caméra de Claire, de nouveau avec Isabelle Huppert. Au début des années 2010, Hong Sang-soo paraît également s’affranchir des formats habituels du cinéma. Il inaugure la décennie avec Oki’sMovie, un assemblage habile de quatre courts-métrages, tourné en 13 jours. Quatre ans plus tard, il n’hésite pas à signer un film d’à peine plus d’une heure : derrière son titre d’épopée, Hill of Freedom cache une savoureuse « novela filmée ». Le metteur en scène poursuit néanmoins sa carrière dans les festivals internationaux : Hahaha reçoit ainsi le prix Un certain regard au festival de Cannes 2010, Sunhi le léopard d’argent au festival de Locarno 2013.

<em>Un jour avec, un jour sans, </em>Hong Sang-soo - crédits : Jeonwonsa Film/ BBQ_DFY/ Aurimages

Un jour avec, un jour sans, Hong Sang-soo

En 2015, Un jour avec, un jour sans marque sa rencontre avec la comédienne Kim Min-hee qu’il dirigera à plusieurs reprises. Film phare de cette période, Le Jour d’après est sélectionné en compétition officielle au festival de Cannes 2017. Hong Sang-soo y revient au noir et blanc de La Vierge mise à nu par ses prétendants et au Séoul crépusculaire de ses débuts. Sur une structure de marivaudage, entre épouse et amante, il tisse un véritable mélodrame. Une œuvre déchirante, teintée d’autobiographie, qui relate la décrépitude d’un amour. À travers le doux visage de Kim Min-hee, il trace en outre le portrait d’une jeunesse pure, que souille la bassesse des hommes. À l’approche de la soixantaine, Le Jour d’après, comme son titre l’indique, marque peut-être un nouveau départ dans la carrière de Hong Sang-soo.

Souvent comparé à Éric Rohmer, Hong Sang-soo cite volontiers Cézanne parmi ses inspirateurs. Sans doute est-il un aquarelliste, un artiste inspiré par quelques modèles fidèles et des décors naturels rudimentaires. Avec sa petite caméra en guise de chevalet, Hong Sang-soo saisit en quelques traits la fragilité des sentiments. Un monde qui tangue entre la pataude silhouette d’un homme au bord d’une route et l’esquisse d’un sourire coquin derrière la main d’une jolie fille.

— Adrien GOMBEAUD

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<em>Un jour avec, un jour sans, </em>Hong Sang-soo - crédits : Jeonwonsa Film/ BBQ_DFY/ Aurimages

Un jour avec, un jour sans, Hong Sang-soo

Autres références

  • CORÉE - Cinéma

    • Écrit par et
    • 3 480 mots
    ...(2007), Poetry (2010), Burning (2018). Observateur du comportement humain et des relations complexes entre hommes et femmes souvent vouées à l'échec, Hong Sang-soo (né en 1960) est certainement le cinéaste le plus prolifique de sa génération. Tous ses films, qu'il s'agisse de La Province...