HONGRIE
Nom officiel | Hongrie (HU) |
Chef de l'État | Tamás Sulyok (depuis le 5 mars 2024) |
Chef du gouvernement | Viktor Orbán (depuis le 29 mai 2010) |
Capitale | Budapest |
Langue officielle | Hongrois |
Unité monétaire | Forint (HUF) |
Population (estim.) |
9 574 000 (2024) |
Superficie |
93 023 km²
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Du postcommunisme à l'intégration euro-atlantique
Les transformations systémiques que va connaître la Hongrie jusqu'à son entrée dans l'OTAN le 12 mars 1999, puis dans l'Union européenne le 1er mai 2004, sont à l'image de sa sortie du communisme : progressives, graduelles, bref, parfaitement maîtrisées par une classe politique rompue au compromis et une société dont la relative placidité mais aussi la morosité s'expliquent pour beaucoup par les souffrances du passé. Il n'y a pas d'autre révolution pour les Hongrois que celle de 1956, une révolution violemment réprimée qui, dans la conscience nationale, symbolise les débuts de la rupture « mentale » avec le communisme. La sortie de ce système, en Hongrie, a été un processus linéaire, arrivé comme à maturité à la veille de la chute du Mur de Berlin en novembre 1989 ; la période 1990-2004 s'inscrit dans une dynamique identique, l'adhésion aux structures euro-atlantiques apparaissant, somme toute, comme l'aboutissement logique d'une entrée dans la « normalité » de la démocratie parlementaire et de l'économie de marché.
Pourtant, derrière cette linéarité due en grande partie à une trajectoire économique indéniablement moins tourmentée que dans les pays voisins, la classe politique et la société connaissent des tensions qui, sans aboutir jamais à des situations d'instabilité, révèlent un état de violence contenue, parfois inquiétant. D'abord, les interrogations récurrentes, d'une part, sur l'identité d'une nation magyare toujours traumatisée par les conséquences du traité de Trianon (1920), et, d'autre part, sur le degré de compromission de ses élites durant la période communiste ; ensuite, les dérives populistes d'une partie de la classe politique ; enfin, la crispation du débat public sur la question du sort des minorités magyares vivant à l'extérieur des frontières amène à examiner l'évolution de ce pays avec une certaine circonspection.
Outre la rapide polarisation du jeu politique autour de quelques formations clés et le caractère souvent jugé exemplaire des transformations économiques facilitées par une large et précoce ouverture aux capitaux étrangers, les dirigeants hongrois successifs s'emploient, à partir de 1990, à relever un double défi. La Hongrie veut intégrer aussi rapidement que possible l'OTAN et l'UE, et entretenir avec les pays voisins où résident d'importantes minorités magyares (1 434 377 personnes en Roumanie en 2001, soit 6,6 % de la population ; 520 528 en Slovaquie en 2002, soit 9,7 % ; 345 376 en Serbie en 1995 dont 95 % sont installées dans la province de Voïvodine) les relations bilatérales les meilleures possible, du moins les plus profitables aux communautés en question. Tel fut, dans les premières années de la Hongrie postcommuniste, le fil conducteur de la politique extérieure ; cependant, la nouvelle donne créée par l'intégration européenne amène peu à peu certains repositionnements au regard de cette question éminemment sensible des minorités magyares.
Un jeu politique bien rodé
L'issue des différentes élections législatives intervenues depuis 1989 illustre la rapidité avec laquelle la Hongrie est entrée dans le jeu de l'alternance démocratique propre aux régimes parlementaires occidentaux. Le pouvoir exécutif a ainsi changé régulièrement de majorité. Le pays a tout d'abord connu, avec le gouvernement de József Antall (1990-1993), leader du Forum démocratique (MDF), une majorité de centre droit de sensibilité conservatrice. Le jeu politique s'est déroulé entre cette majorité parlementaire et une opposition libérale de centre gauche composée de l'Alliance des démocrates libres (SzDSz) et de l'Alliance des jeunes démocrates- Parti civique hongrois (FiDeSz), opposition soutenue, selon les circonstances,[...]
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Écrit par
- Jean BÉRENGER : professeur émérite à l'université de Paris-IV-Sorbonne
- Lorant CZIGANY : professeur à l'université de Londres (Royaume-uni)
- Albert GYERGYAI : professeur honoraire à la faculté des lettres de Budapest
- Pierre KENDE : directeur de recherche au C.N.R.S.
- Edith LHOMEL : chargée de cours à l'Institut d'études européennes de l'université de Paris-VIII, analyste-rédactrice aux éditions de la Documentation française
- Marie-Claude MAUREL : directrice d'études à l'École des hautes études en sciences sociales
- Fridrun RINNER : professeur des Universités
- Encyclopædia Universalis : services rédactionnels de l'Encyclopædia Universalis
Classification
Médias