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HOPKINS SAM dit LIGHTNIN' (1911 ou 1912-1982)

Originaire d'une région fertile du nord de Houston, « Lightnin' » Hopkins, « Poor Lightnin' », comme il aimait à s'appeler lui-même à la troisième personne, a été un grand innovateur du Texas blues, un explorateur de la guitare électrique, un compositeur puissant, un magnifique bluesman d'une étonnante créativité. Bluesman-type par bien des aspects, Lightnin' Hopkins diffère cependant de la plupart de ses pairs par son caractère casanier : il se sentait surtout à l'aise dans son quartier de Houston.

Sam Hopkins, né à Centerville (Texas), peut-être le 15 mars 1912 (ou en 1911 ?), est le cinquième et dernier enfant d'une famille brisée par la mort violente du père, Abe. Ses frères, John Henry et Joel, ont une forte réputation locale de bluesmen et initient Sam à la musique, lui faisant rencontrer Blind Lemon Jefferson, avec qui Joel joue régulièrement. Mais c'est surtout avec un de ses cousins, le légendaire Alger « Texas » Alexander (1900-1954), que Sam Hopkins fera son apprentissage musical le plus complet. Dans les années 1930 et 1940, Alexander prend Hopkins avec lui et façonne vraiment le style du jeune homme. Le chant tendu et passionné ainsi que certains des blues les plus célèbres que Hopkins enregistrera viennent en droite ligne d'Alexander. Et son jeu de guitare si caractéristique (basses appuyées prolongées par un florilège d'arpèges) est modelé sur celui qui a été utilisé par Lonnie Johnson dans les disques qu'il a gravés avec Texas Alexander.

En 1946, Hopkins fait ses débuts sur disque en compagnie du pianiste Willie « Thunder » (« Le Tonnerre ») Smith, ce qui donne l'idée à la productrice Lola Anne Cullum de changer Sam en « Lightnin' » (« Éclair »), un sobriquet qui lui restera. Entre 1946 et 1953, Lightnin' Hopkins enregistre 200 titres pour de nombreux labels. Il accumule les succès régionaux avec des pièces comme Katie Mae, Short Haired Woman, Big Mama Jump, Tim Moore's Farm grâce à une voix grasseyante chargée d'émotion, à une guitare parcimonieuse mais très expressive qui sait faire parler les silences ainsi que, surtout pour le public noir, au formidable humour de textes à double sens, pleins de rouerie, d'autodérision et terriblement corrosifs. Malheureusement, le caractère fantasque de Hopkins l'empêche de s'imposer comme une superstar du blues : contrats non honorés, dates d'enregistrements oubliées finissent par peser lourd. À partir de 1954, le bluesman ne survit plus que difficilement, en jouant dans de petits bars de Houston.

En 1959, lorsque l'ethnomusicologue Sam Charters retrouve Hopkins après une traque longue et minutieuse, Lightnin' habite dans un meublé miteux et a mis sa guitare au clou pour se payer ses packs de bière. En quatre heures, Charters fait enregistrer à Lightnin' Hopkins l'album Penitentiary Blues, qui paraît chez Folkways Records et obtient un succès notable dans les cercles folk qui sont alors en plein développement. La carrière de Hopkins est relancée, mais cette fois, et de façon complètement inattendue, face à un public majoritairement blanc, nordiste et jeune ! Hopkins ne manque pas de saisir l'occasion. Il va être présent partout : sur les campus des universités, les scènes folk et jusqu'aux festivals de Newport et dans la tournée européenne de l'American Folk Blues Festival en 1964.

Lightnin' va à nouveau enregistrer quantité d'albums pour autant de labels, obtenant même un étonnant succès avec le 45-tours Mojo Hand, qui pénètre dans le Top 40 de rhythm and blues. De cette production abondante, il faut extraire les enregistrements effectués pour les producteurs Mack McCormick et Chris Strachwitz, qui passent des semaines entières auprès de Lightnin', apprennent à le connaître sous toutes ses facettes et savent ainsi[...]

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