HOPKINS sir FREDERICK GOWLAND (1861-1947)
Biochimiste anglais qui fut le seul parmi ses contemporains à formuler correctement les problèmes de la biochimie et à les présenter d'une manière accessible à la logique et à l'expérimentation. Sa vision d'ensemble des mécanismes biochimiques et de leurs relations avec la vie, de la reproduction, du fonctionnement de la cellule a permis à la biochimie d'émerger et d'exister en tant que discipline constituée. Né à Eastbourne (Grande-Bretagne), Hopkins doit interrompre ses études faute de moyens financiers. Il entre à dix-sept ans comme apprenti chimiste dans un laboratoire de Cambridge ; il y reste trois ans jusqu'à ce qu'un héritage opportun lui permette de s'inscrire à la Royal School of Mines de South Kensington, et peu après à l'Institut de chimie dans une section de chimie appliquée. Il réussit brillamment ses examens et il est engagé par un expert du tribunal de Londres pour effectuer des analyses toxicologiques dans les cas d'empoisonnements criminels. Dans le même temps, il prépare une licence de sciences à l'université de Londres et, en 1888, il entreprend des études de médecine qu'il achève en 1894. Après avoir enseigné quelque temps la toxicologie et la physiologie, il accepte un poste à l'université de Cambridge, y enseigne la chimie physiologique, tout en se livrant à la recherche. Pour subvenir à ses besoins, il dirige également les étudiants en médecine de l'Emmanuel College, dont il devient en 1906 le directeur des études scientifiques. À Cambridge, il déploie tous ses efforts pour promouvoir la biochimie et pour la faire considérer comme une discipline distincte de la chimie et de la physiologie. En 1914, l'université de Cambridge fonde une chaire de biochimie, dont il sera le premier titulaire. En 1929, il reçoit le prix Nobel de médecine « ... pour la découverte des vitamines stimulant la croissance... ».
Ses premiers travaux sont révélateurs de l'impact qu'eut la chimie analytique sur la chimie physiologique. Hopkins fut un des rares pionniers de son époque à réaliser que l'organisme vivant doit être pensé en termes de mécanismes chimiques. On pensait alors que la chimie de la cellule n'était pas de même nature que la chimie organique : l'oxygène et les aliments, après incorporation dans les molécules vivantes — le protoplasme — perdaient leurs caractéristiques chimiques et subissaient de mystérieuses transformations, avant de réapparaître comme produits finaux, tels que gaz carbonique et urée. Hopkins aborde ces problèmes sous l'angle de la nutrition. Il pose en principe qu'il est temps de considérer comme critères de la valeur nutritive des aliments non seulement leur énergie et leur teneur en azote, mais aussi leur contenu en protéines et leurs caractères chimiques spécifiques. Il en apporte la preuve en démontrant qu'il existe des acides aminés qui doivent être obligatoirement présents dans la ration alimentaire pour que le besoin azoté soit couvert. Le tryptophane, qu'il découvre en 1901, est un acide aminé indispensable. Il pose également le problème des proportions de protéines, glucides, lipides et sels minéraux dans la nutrition. L'aboutissement de ces travaux sera la découverte des vitamines en 1912. La conception qu'il se fait de la cellule — qu'il assimile à une grande usine chimique constituée d'unités de fonction déterminées — est extrêmement nouvelle pour l'époque. Toute sa vie, il s'attaque à la notion de complexe protoplasmique qui, estime-t-il, est pernicieuse et encourage l'obscurantisme. En cela, il rejoint Pasteur dans son combat contre la génération spontanée et Franz Hofmeister (professeur à Strasbourg) qui pense que la cellule est le siège d'événements chimiques organisés et dirigés au profit du fonctionnement et de[...]
La suite de cet article est accessible aux abonnés
- Des contenus variés, complets et fiables
- Accessible sur tous les écrans
- Pas de publicité
Déjà abonné ? Se connecter
Écrit par
- Pierrette KOURILSKY : auteure
Classification
Média
Autres références
-
EIJKMAN CHRISTIAAN (1858-1930)
- Écrit par Samya OTHMAN
- 504 mots
Médecin militaire néerlandais, né à Nijkerk (Gelderland) en 1858, mort à Utrecht en 1930. Formé à l'université d'Amsterdam (1881), chercheur puis directeur de l'école médicale de Java (1888-1896), Eijkman est par la suite nommé professeur d'hygiène et médecine légale...