HORACE (65-8 av. J.-C.)
Horace (Quintus Horatius Flaccus) est avec Virgile, son contemporain et son ami, le plus célèbre des poètes latins. Très admiré de son vivant, il a exercé une grande influence sur tout le développement de la poésie dans les littératures modernes. Il doit cette situation à l'intérêt de sa personne, vive, malicieuse, indépendante et à la qualité d'une œuvre composée de recueils lyriques eux-mêmes très variés (Épodes, Odes) et de pièces plus détendues (Satires, Épîtres) écrites aux confins de la narration autobiographique et de la réflexion morale.
À travers d'innombrables lecteurs, Horace a été l'un des ferments de la culture et de l'humanité européennes. Sentiment aigu de la fragilité et de la légèreté de la vie ; attention souriante à ce qu'elle nous apporte ; courage pour y être présent.
Les débuts d'un poète
Horace est né à Venouse (aujourd'hui Venosa, à mi-chemin de Naples et de Bari). Campagne sévère où les horizons immenses s'étendent au nord vers le Gargano, à l'est par-delà les Pouilles en direction de l'Adriatique. La ville elle-même est une bourgade de petites gens économes et âpres au travail. Le père d'Horace avait été esclave puis, dès avant la naissance du poète, l'affranchissement était intervenu. Quelques années plus tard, la famille a émigré à Rome où le père a trouvé un emploi dans l'administration des ventes publiques. Milieu très modeste où les questions d'argent tiennent une place énorme. Mais l'ancien esclave croyait aux études ; il envoya son fils dans de bonnes écoles ; au terme, il fit pour lui les frais de ce voyage en Grèce qui couronnait alors toute éducation vraiment libérale.
Le jeune homme se trouvait à Athènes quand le meurtre de César (15 mars 44) vint ébranler tout le monde romain. Était-ce une victoire de la Liberté ? Quand la guerre éclata entre les républicains et les héritiers de l'esprit césarien, Horace se rangea du côté des premiers. Il a vaillamment combattu, pris part à plusieurs campagnes, conquis le statut envié de chevalier, mais tout se dissipa comme un rêve sur le champ de bataille de Philippes (oct. 42).
Horace rentre dans une Rome inquiète où en trois ou quatre ans bien des choses ont changé. Une charge modeste dans les finances (scriba quaestorius) le met à l'abri du besoin. Mais les carrières d'argent ne semblent l'avoir jamais beaucoup intéressé ; ses origines, son passé personnel lui interdisaient, pour l'instant du moins, toute ambition politique. Il découvrit peu à peu qu'il pouvait être poète, mais d'une façon originale qu'il inventa sa vie durant. De fait, dans la Rome du ier siècle, beaucoup de personnes s'intéressent à la poésie, beaucoup écrivent des vers ; c'est une des formes de la vie sociale. Ces amateurs ne prétendent pas au chef-d'œuvre ; ils pensent, dans la tradition de la poésie hellénistique, pouvoir embellir un moment, fixer une impression fugitive, sous une forme qui lui donnera de pouvoir durer un peu. Tel est le point de départ de la poésie d'Horace. S'il est devenu un grand poète, c'est par la perfection de son métier, c'est surtout par la richesse de sa vie personnelle et parce qu'il a su faire passer en poésie des sentiments, des intérêts auxquels ses contemporains n'imaginaient pas de donner forme.
L'invective
Le premier recueil qui nous a été conservé, intitulé Ïambes ou Épodes, marque déjà un premier degré de cette découverte. Le titre devait guider l'imagination du lecteur : au-delà de la poésie de pur badinage où se complaisaient beaucoup de ses contemporains, le poète entendait renouer avec le vieil Archiloque (viie s.), ardent batailleur, mêlé à toutes les luttes de sa cité. Il sera donc question de politique dans les Épodes ; le poète[...]
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Écrit par
- Jacques PERRET : ancien élève de l'École normale supérieure, professeur honoraire à la Sorbonne
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