HORACE (65-8 av. J.-C.)
La fortune d'Horace
En rapport avec la diversité de son œuvre, l'influence posthume d'Horace est à suivre dans plusieurs directions. Aux lyriques qui l'ont suivi il a légué à la fois un instrument incomparable (la strophe de quatre vers) et le modèle de ses propres exigences artistiques. À travers les chœurs du théâtre de Sénèque, le grand lyrisme horatien se prolonge éminemment dans l'hymnologie médiévale ; de ce qui n'était qu'effusion méditative ou acclamations populaires, saint Ambroise, Prudence, élèves en cela d'Horace, et leurs innombrables successeurs, ont fait les œuvres puissantes qui ont si longtemps servi de support à la liturgie chrétienne. C'est Horace encore qui, dès le Moyen Âge et d'abord en langue latine, inspire, par ses œuvres « légères », l'éclosion d'une poésie qui aboutira à Pétrarque et à Ronsard. Certaines Satires de Boileau peuvent nous donner une idée de la satire d'Horace ; mais dans l'ensemble, la poésie satirique européenne prolonge plutôt Juvénal avec une inspiration plus âpre, parfois cruelle, et une tendance à la prédication. L'Épître aux Pisons, lue comme un traité de poétique, a contribué à faire croire qu'en ce domaine peut exister une canonique et comme une sorte de législation ; détachées de leur contexte, certaines de ses formules ont fait une belle carrière, d'autant que chaque théoricien, heureux de s'en autoriser, les sollicitait à sa guise. Les Épîtres proprement dites sont restées inimitables, du fait de la personnalité d'Horace et de l'originalité de sa recherche morale. C'est Montaigne parmi nous qui le rappellerait le mieux ; mais les Essais sont en prose et Montaigne monologue.
Personne ne songerait à mesurer d'après le nombre des imitateurs qu'il a suscités l'influence de La Fontaine sur l'esprit français. Il est présent à ceux mêmes qui l'ignorent. Ainsi Horace. Mais parce qu'il appartient à nos origines, parce qu'il est au-delà de nos divisions en cultures nationales, parce qu'il écrit en latin, il constitue une référence commune pour tout l'Occident.
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Écrit par
- Jacques PERRET : ancien élève de l'École normale supérieure, professeur honoraire à la Sorbonne
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