HORMONES
Les hormones des Invertébrés
Même les plus simples des Métazoaires requièrent des mécanismes de coordination de l'activité des cellules qui les constituent. Chez les Spongiaires et les Cœlentérés existent déjà des réseaux neuronaux relativement complexes. Certains de ces neurones produisent des peptides qui agissent sur les cellules voisines selon un mode paracrine. Cela représente un premier mode de régulation mettant en jeu des neuropeptides qui, chez les Invertébrés possédant un système circulatoire, pourront devenir des neurohormones agissant à plus grande distance de leur lieu de libération. Ce sont les seules hormones présentes chez les groupes inférieurs. Les Mollusques, les Arthropodes et les Échinodermes possèdent en outre de véritables glandes endocrines, le plus souvent d'origine ectodermique (épithéliale), qui prennent le relais entre le système nerveux et les organes cibles, et l'on a coutume de dire que les glandes endocrines sont apparues chez les Mollusques. Cela n'exclut en rien bien évidemment la production de facteurs tissulaires diffusibles, y compris dans les groupes les plus primitifs.
Les hormones peptidiques
On connaît les hormones peptidiques dans pratiquement tous les groupes d'Invertébrés. La plupart sont des neurohormones produites par des neurones neurosécréteurs. Les seules hormones peptidiques produites par des cellules non nerveuses sont l'hormone androgène des Crustacés et le facteur téléotrope (facteur de croissance) produit par les glandes de mue du criquet migrateur. La schistosomine de la Limnée, qui possède une action stimulatrice de la croissance et inhibitrice de la reproduction, est produite par les hémocytes et s'apparenterait donc plutôt à une cytokine (ou facteur de croissance).
Le premier neuropeptide identifié chez un Invertébré fut la RPCH (une hormone impliquée dans les changements de pigmentation) de la crevette Pandalus borealis (Fernlund et Josefsson, 1972). Depuis cette date, les données ont progressé de façon spectaculaire (en 1995, on recensait plusieurs centaines de peptides) grâce à la mise au point de méthodes d'analyse très sensibles ne nécessitant que des quantités infimes de substance et à l'introduction des outils de la biologie moléculaire, qui permettent de rechercher dans une espèce des molécules apparentées à celles qui sont déjà décrites dans une autre. La connaissance d'un grand nombre de séquences permet de regrouper ces peptides en familles. Certaines, comme les molécules apparentées à l'insuline (insuline-like), sont proches de molécules décrites chez les Vertébrés ; d'autres sont en revanche restreintes à un groupe (famille de la RPCH/AKH, famille de la CHH/MIH/VIH qui inclut également l'ITP...). Il est certain que l'augmentation rapide du nombre de séquences connues dans de nombreux groupes permettra de dresser un tableau plus complet dans un proche avenir.
Les peptides ont évolué selon plusieurs mécanismes, grâce, par exemple, à des mutations ponctuelles et à des mécanismes de duplication génique. On reconnaît la parenté entre des peptides qui dérivent d'un ancêtre commun à partir de l'homologie de leurs séquences (la position des cystéines impliquées dans le repliement et la formation de ponts disulfure est très importante) ainsi que celle de leurs précurseurs. Cette évolution de la nature des hormones s'est accompagnée de celle de leurs récepteurs, et cela se traduit en fin de compte par le constat que la conservation des structures ne s'est pas toujours accompagnée de la conservation des fonctions, bien au contraire. Aussi des peptides apparentés sont-ils impliqués dans des fonctions physiologiques très différentes : la RPCH des Crustacés contrôle les changements de la pigmentation, tandis que la AKH des Insectes mobilise leurs réserves lipidiques.
Les hormones[...]
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Écrit par
- Jacques DECOURT : professeur honoraire de clinique endocrinologique à la faculté de médecine de Paris, membre de l'Académie nationale de médecine
- Yves-Alain FONTAINE : professeur à l'université et au Muséum national d'histoire naturelle
- René LAFONT : professeur des Universités
- Jacques YOUNG : docteur en médecine, chercheur à l'unité 33 de l'I.N.S.E.R.M., Le Kremlin-Bicêtre
- Encyclopædia Universalis : services rédactionnels de l'Encyclopædia Universalis
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