HORS-TEMPS ET EN-TEMPS, musique
À la fin de 1963 et au début de 1964, alors qu'il séjourne à Berlin, Iannis Xenakis étudie de nouvelles catégories musicales relatives à la composition, les cribles et les notions de hors-temps et de en-temps. Il expose ses idées dans son article « La Voie de la recherche et de la question » (publié dans Preuves, no 177, pp. 33-36, 1965) : « Il faut distinguer deux natures : en-temps et hors-temps. Ce qui se laisse penser sans changer par l'avant ou l'après est hors-temps. Les modes traditionnels sont partiellement hors-temps, les relations ou les opérations logiques infligées à des classes de sons, d'intervalles, de caractères... sont aussi hors-temps. Dès que le discours contient l'avant ou l'après on est en-temps. L'ordre sériel est en-temps, une mélodie traditionnelle aussi. Toute musique, dans sa nature hors-temps, peut être livrée instantanément, plaquée. Sa nature en-temps est la relation de sa nature hors-temps avec le temps. En tant que réalité sonore il n'y a pas de musique hors-temps pure ; il existe de la musique en-temps pure, c'est le rythme à l'état pur. »
L'organisation musicale est donc hors-temps lorsque les intervalles sont définis « sans aucune référence à la durée, à la succession ou même à la simultanéité des sons » (Olivier Revault d'Allonnes). Toute organisation contraire sera en-temps. L'histoire de la musique occidentale de Monteverdi au début du xxe siècle appartient donc, selon Xenakis, à la catégorie en-temps, du fait des fonctions tonales qui la régissent. Selon le musicologue Harry Halbreich, il s'agit d'une « conception foncièrement dynamique de la forme musicale. Une échelle de hauteurs, de durées, résultant de la division de l'espace sonore ou temporel, est „hors-temps“. La gamme ou le mode (mélodique ou rythmique, peu importe) résultant d'un choix du compositeur au sein de ce réservoir, est un matériau défini, caractérisé, que l'acte compositionnel va pouvoir mettre „en-temps“, en quelque sorte en orbite. Le „temporel“ est, dès lors, le vecteur le long duquel la structure musicale se projettera „en-temps“. »
La suite de cet article est accessible aux abonnés
- Des contenus variés, complets et fiables
- Accessible sur tous les écrans
- Pas de publicité
Déjà abonné ? Se connecter
Écrit par
- Alain FÉRON : compositeur, critique, musicologue, producteur de radio
Classification