MOUBARAK HOSNI (1928-2020)
Président de la République arabe d'Égypte de 1981 à 2011, Hosni Moubarak, né le 4 mai 1928, est originaire de Manufiya, un gouvernorat situé dans la région du Delta du Nil. Issu d'un milieu modeste, il se destine très jeune à une carrière militaire.
Diplômé de l'Académie de l'armée de l'air en 1950, Moubarak occupe différents postes de commandement et poursuit une carrière discrète. Il ne joue aucun rôle politique dans le coup d'État militaire de 1952, ni dans le régime de Nasser, si ce n'est en tant que serviteur loyal de l'armée. À ce titre, il est envoyé en Union soviétique pour divers stages de formation et y conduit une délégation militaire en 1964. Il est nommé chef d'état-major en 1969, puis commandant en chef en 1971. Son rôle dans la guerre contre Israël, en octobre 1973, lui vaut d'être promu général, puis d'être nommé par Sadate, en 1975, à la vice-présidence de la République, confirmant ainsi les liens qui unissent étroitement l'armée et l'État.
Au lendemain de l'assassinat de Sadate, le 6 octobre 1981, Moubarak prend le contrôle du pays, conformément à la Constitution, et décrète l'état d'urgence. Il est élu à l'unanimité par l'Assemblée du peuple, vote entériné par référendum (98,4 p. 100 de « oui »). Son mandat présidentiel est renouvelé par la même procédure en 1987, 1993 et 1999. Moubarak remporte un cinquième mandat lors de l'élection présidentielle directe et pluripartite de septembre 2005.
Homme discret, Moubarak apparaît d'abord bien fade en comparaison de ses prédécesseurs. Nasser fut l'homme de la construction nationale ; Sadate, celui de la paix ; Moubarak, quant à lui, est à la recherche d'une légitimité qu'il s'évertue à construire progressivement en fonction de deux principes : modération et démocratisation.
En premier lieu, il s'agit de rétablir les libertés politiques promises – et suspendues – par Sadate avant son assassinat. Des milliers d'opposants au régime sont relâchés, les journaux d'opposition à nouveau distribués. Tout au long des années 1980, la scène politique s'ouvre aux principales forces de l'opposition, dont l'association des Frères musulmans.
En second lieu, Moubarak veut réintégrer l'Égypte dans le giron de la communauté arabe, dont elle a été exclue à la suite des accords de Camp David (1978), sans pour autant trahir le processus de paix engagé par son prédécesseur. Il bénéficie, pour ce faire, du soutien des États-Unis, dont l'Égypte devient le partenaire arabe privilégié dans la région.
Sur le plan économique et social, Moubarak poursuit les réformes tout en dénonçant les dérives affairistes qui ont marqué la politique d'infitah (ouverture) menée par Sadate. Après une succession d'accords avec le FMI, il réussit à stabiliser l'économie égyptienne. Privatisations et désengagement progressif de l'État constituent le credo économique du gouvernement, au prix de sacrifices sociaux importants, dans un contexte de forte pression démographique.
L'engagement du pays aux côtés des alliés occidentaux durant la guerre du Golfe de 1990-1991 fait de l'Égypte un médiateur incontournable dans la région. Le rôle de Moubarak et de son ministre des Affaires étrangères, Amr Moussa, dans les négociations de paix entre Palestiniens et Israéliens, depuis les accords d'Oslo (1993) jusqu'à la seconde intifada (2000), s'avère majeur dans la légitimation du pouvoir.
La force de l'homme résiderait en somme dans sa capacité de jouer du double héritage, nassérien et sadatien. D'un côté, le déploiement d'une rhétorique tout à la fois nationaliste et « arabiste », mise en pratique dans le cadre du processus de paix, permet, sur le plan interne, d'obtenir un consensus national[...]
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Écrit par
- Sandrine GAMBLIN : docteure en science politique (Institut d'Etudes Politiques de Paris), chercheuse, consultante
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