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HÔTEL DE VILLE

Hôtel de ville et urbanisme

Depuis le Moyen Âge, la place, sur laquelle se tiennent foires et marchés, est le lieu privilégié du gouvernement communal. Dans les bastides médiévales, villes neuves régulièrement tracées, l'hôtel de ville borde la place centrale (Montauban, Aigues-Mortes). Ailleurs, la densité d'un urbanisme souvent anarchique ne permet pas toujours d'adopter une telle solution. Au cours du xviie siècle, le problème de la place devient systématiquement lié à celui de l'hôtel de ville. Aménagée face à l'édifice, elle répond aux nouvelles exigences de l'urbanisme classique. Elle peut être ornée d'une fontaine (Paris, Lyon, Aix-en-Provence), ou d'un monument à la gloire du souverain, comme à Arles où l'on dresse à cet effet l'obélisque trouvé à l'emplacement du cirque antique. Parfois, on projette de la décorer de façades régulières qui accompagneraient et mettraient en valeur l'architecture de l'hôtel municipal (Arles, Aire-sur-la-Lys, Reims).

Seules les grandes cités peuvent envisager des opérations d'une plus grande envergure. Ces entreprises sont souvent liées à quelque circonstance exceptionnelle, incendie de la ville de Rennes en 1720 ou aménagement des nouvelles provinces de l'Est (Nancy, Metz) ; de ce fait, elles sortent complètement du cadre municipal. Intendants et gouverneurs en dirigent l'exécution sur les plans conçus par leurs architectes et approuvés par le roi.

À Rennes, en 1730, Gabriel dessine un triple édifice qu'il intègre au nouveau tracé géométrique de la ville : sur la place Neuve, présidial et hôtel de ville encadrent la tour de l'Horloge à laquelle ils sont rattachés par deux ailes concaves. Sur le haut soubassement de la tour se détachait la statue en pied de Louis XV due au ciseau de Jean-Baptiste Lemoyne. De même, à Nancy, l'édifice municipal n'est que la toile de fond de la somptueuse place élevée par Stanislas Leszczyński à la gloire de son gendre. L'effigie de Louis XV constitue le point central d'une scénographie baroque imaginée par Héré, faisant intervenir arc de triomphe, fontaines et ferroneries rococo. Dans un registre plus classique, la façade de l'hôtel de ville de Metz joue elle aussi le rôle de « décor » architectural sur la place d'armes de la cité lorraine. Sa longue élévation sévère et répétitive ne se distingue guère de celle des autres bâtiments dessinés par le célèbre théoricien de l'architecture François Blondel. Les difficultés auxquelles Blondel fut confronté sur ce site escarpé et mal proportionné ne lui permirent pas d'appliquer comme il l'entendait les principes de son urbanisme.

Au milieu du siècle, à Rouen, la question toujours en suspens de la construction d'un nouvel hôtel de ville est à l'origine de toute une réflexion urbanistique. L'architecte parisien d'origine rouennaise, Mathieu Le Carpentier, veut placer le bâtiment municipal sur une place royale octogonale, au cœur d'un quartier neuf qui s'étendrait à l'ouest des remparts. Son projet est retenu par le Conseil du roi, puis abandonné peu après la pose de la première pierre le 8 juillet 1758. On ne peut que le regretter : par la beauté de ses façades et l'intelligence de son plan, cet hôtel de ville eut été, comme l'hôtel lyonnais au siècle précédent, le plus grand de son époque.

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Ruines de l'Hôtel de Ville de Paris - crédits : Alphonse Liebert/ Hulton Archive/ Getty Images

Ruines de l'Hôtel de Ville de Paris

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