BOUMEDIENE HOUARI (1932?-1978)
Houari Boumediene fut un militaire et homme politique algérien. Il fut le deuxième président de la République algérienne (1965-1978).
L'austérité, l'amour de la solitude et du travail sont les traits dominants de la personnalité de Mohammed Bou Kharouba (devenu dans la clandestinité le colonel Houari Boumediene, « grand vieux jeune homme mince et fin »), qui assume, après l'éviction de son rival Ahmed Ben Bella, le 19 juin 1965, les triples fonctions de président du Conseil de la révolution (chef de l'État), de président du Conseil des ministres et de ministre de la Défense.
C'est au Caire, où, après des études à l'université d'El-Azhar, il était instituteur, qu'il rejoint Ben Bella au début de l'insurrection algérienne (fin 1954). Chargé par le Front de Libération nationale (F.L.N.) de convoyer le matériel militaire d'Égypte vers les frontières algéro-marocaines, il débarque clandestinement sur une plage d'Oranie en 1955. Chef de la wilaya V (Oranie) en 1957, puis chef de l'état-major de l'Armée de libération nationale (A.L.N.) à Tunis (1960), il met en place l'« armée des frontières » depuis son P.C. de Ghardimaou où Mao Zedong et Fidel Castro sont les maîtres à penser. Le Gouvernement provisoire de la République algérienne, qu'il inquiète, le destitue en juillet 1962, mais il s'allie à Ben Bella, qui vient de supplanter Ben Khedda. Nommé vice-président du Conseil et ministre de la Défense, il transforme l'A.L.N. en A.N.P. (Armée nationale populaire). En 1965, celle-ci est son point d'appui pour la réussite de son coup d'État contre Ben Bella ; il est à noter que Boumediene est en conflit avec celui-ci depuis le premier congrès du F.L.N. en 1964.
Accédant à la présidence de l'État, Houari Boumediene instaure un climat de militantisme permanent pour lequel l'armée joue un rôle de « locomotive » ; politiquement, il ambitionne pour l'Algérie une indépendance totale que rendra possible le « décollage » économique entrevu pour 1980, et brigue pour celle-ci la place de leader du monde arabe, voire du Tiers Monde. Pratiquant comme son prédécesseur, mais dans un style différent, un socialisme arabo-musulman, il a pu approcher du premier objectif en accélérant le développement industriel de l'Algérie, grâce à son atout majeur : les richesses de son sous-sol et surtout le pétrole dont il s'est finalement rendu maître. La nationalisation d'autres secteurs d'activité, l'évacuation des bases militaires françaises (Reggane, Colomb-Béchar, Mers-el-Kébir) contribuent également à donner aux Algériens le sentiment qu'ils sont les seuls maîtres chez eux. Leur nombre, toutefois, qui continue de s'accroître de façon inquiétante, rend malaisés les progrès du secteur éducatif, entraîne un chômage persistant et une émigration vers l'Europe qui ne s'effectue pas dans les meilleures conditions. Des résultats de la réforme agraire, promulguée en juillet 1971, on ne peut rien avancer encore de définitif.
Quant à l'opposition manifestée à l'égard du « clan Boumediene », elle s'est fait connaître dès l'avènement au pouvoir de celui-ci, mais prend une forme plus vive au cours du second semestre de 1967. Elle est le fait d'abord d'anciens opposants à Ben Bella, tel Krim Belkacem, qui, exclu du pouvoir après les accords d'Évian, vit en France (il sera assassiné en 1970 à Francfort) ; en octobre 1967, il annonce la création du Mouvement démocratique de renouveau algérien (M.D.R.A.). Elle se manifeste également en Algérie même : en novembre 1967, des officiers supérieurs et divers hommes politiques protestent contre l'« accaparement » du pouvoir par l'équipe d'hommes dont s'entoure Boumediene ; on réclame l'organisation d'élections et la tenue d'un congrès du F.L.N. Le colonel Boumediene charge[...]
La suite de cet article est accessible aux abonnés
- Des contenus variés, complets et fiables
- Accessible sur tous les écrans
- Pas de publicité
Déjà abonné ? Se connecter
Écrit par
- Emile SCOTTO-LAVINA : journaliste
Classification
Médias
Autres références
-
ALGÉRIE
- Écrit par Charles-Robert AGERON , Encyclopædia Universalis , Sid-Ahmed SOUIAH , Benjamin STORA et Pierre VERMEREN
- 41 835 mots
- 25 médias
L'industrialisation du pays est réellement effective à partir du moment où le président Boumediene met un terme aux avantages des sociétés concessionnaires dans les hydrocarbures. L'État, acteur principal de cette réorientation, en assure le financement grâce aux revenus issus de l'exportation des... -
BEN BELLA AHMED (1916-2012)
- Écrit par Benjamin STORA
- 944 mots
- 1 média
Ahmed Ben Bella fut la figure marquante de la guerre d'indépendance de l'Algérie et le premier président de la République algérienne (1963-1965). Sa vie est intimement liée au destin de ce pays.
Né le 25 décembre 1916 (mais sa date de naissance n'a jamais été établie avec certitude, l'état...
-
BENDJEDID CHADLI (1929-2012)
- Écrit par Melinda C. SHEPHERD
- 478 mots
- 1 média
Chadli Bendjedid fut le troisième président de la République algérienne, de 1979 à 1992. Il mit en œuvre des réformes en faveur de la démocratie, promulgua une nouvelle Constitution et tenta d'organiser des élections législatives multipartites avant d'être renversé par l'armée....
-
BOUTEFLIKA ABDELAZIZ (1937-2021)
- Écrit par Encyclopædia Universalis et Benjamin STORA
- 1 563 mots
- 2 médias
...(ALN), à la frontière algéro-marocaine, en wilaya V (Oranie). Très vite, il est affecté au secrétariat de l'état-major général de l'armée des frontières. Le commandant Si Abdelkader – son nom de guerre – est appelé à travailler au sein de l'état-major avec le colonel Houari Boumediene, dont...