HOUDAR DE LA MOTTE ANTOINE LAMOTTE-HOUDAR dit (1672-1731)
Avec Les Originaux ou l'Italien (1693), Houdar de La Motte fait au théâtre des débuts désastreux qui le conduisent à la Trappe. Mais il revient bientôt aux lettres et entame avec succès une nouvelle et double carrière, dramatique et poétique. Ses opéras en particulier, L'Europe galante (1697), Le Triomphe des arts (1700), Sémélé (1709) sont bien accueillis. Ses Odes (1709) sentent, suivant le mot d'un contemporain, « le rhéteur » ; le Discours sur la poésie en général, et sur l'ode en particulier qu'y joint l'auteur manifeste ses prétentions de théoricien et son esprit géométrique : « L'art poétique même, écrit-il, a ses axiomes, ses théorèmes, ses corollaires et ses démonstrations » et consiste essentiellement pour lui dans le nombre, la cadence et les figures. Les exposés dont il continuera à accompagner ses œuvres le posent en champion du modernisme. Il publie, en 1714, une Iliade en vers français et en douze chants, tirée de la traduction de Mme Dacier (il ne savait pas le grec), amputée de tout ce qu'il y a trouvé d'oiseux et de suranné, et précédée d'un Discours sur Homère : c'est là le début du troisième et dernier épisode de la querelle des Anciens et des Modernes. À l'énergique réplique de la traductrice (Les Causes de la corruption du goût), il répond avec modération dans ses Réflexions sur la critique (1715). Il fait paraître, en 1730, ses Réflexions sur la tragédie ; il propose l'abandon des unités, qui entraînent trop d'entorses à la vraisemblance, et recommande l'usage de la prose dans la tragédie. Mais les tragédies qu'il fait jouer lui-même — notamment Les Macchabées (1722), Romulus (1722), Iñès de Castro (1723), Œdipe (1730) — sont beaucoup moins novatrices que ses principes. Ce n'est pas à ses œuvres qu'Houdar (par ailleurs auteur de Fables, 1719, et d'Églogues) doit de s'être fait un nom dans l'histoire de la littérature — mais bien plutôt à la souriante et inflexible obstination avec laquelle il a tenté de débarrasser la poésie de ses oripeaux mythologiques, le théâtre de conventions dont on ne comprenait plus l'utilité, la littérature du carcan de l'imitation et de l'abus du commentaire — et de substituer la raison à la tradition.
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Écrit par
- Bernard CROQUETTE : agrégé de l'Université, maître assistant à l'université de Paris-VII
Classification
Autres références
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ANCIENS ET MODERNES
- Écrit par Milovan STANIC et François TRÉMOLIÈRES
- 5 024 mots
- 4 médias
...rebondir, au début du siècle suivant, entre Anne Dacier, auteur d'une traduction savante de l'Iliade parue en 1711 (l'année de la mort de Boileau), et Houdar de la Motte, protégé de Fontenelle, qui ne revendiquant plus qu'une fidélité au « fond des choses » voulut offrir une traduction très libre et... -
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