HAWKS HOWARD (1896-1977)
Howard Hawks ne fut longtemps, aux yeux d'historiens distraits, que l'auteur de Scarface et de L'Impossible Monsieur Bébé. Au cours des années 1950, un groupe de jeunes critiques, Jacques Rivette, Éric Rohmer, François Truffaut, allait découvrir son œuvre complète et la situer à sa vraie place.
Quarante-huit ans de cinéma, quarante films, Hawks incarne à lui seul le cinéma américain classique, ses genres, ses valeurs, ses vertus. L'auteur du Harpon rouge, du Port de l'angoisse, du Grand Sommeil, de La Rivière rouge et d'El Dorado est celui qui dit simplement : « Je place ma caméra à hauteur d'œil. »
L'authenticité avant toute chose
Né en 1896, grand, droit, un masque allongé, pétrifié d'énergie, un regard pur, de ciel trempé, que l'âge a rendu serein et comme indifférent, Howard Hawks ne se pose aucune question qu'il ne puisse résoudre. Il ignore le doute, l'inquiétude, la difficulté d'être, l'introspection. La décision, en lui comme en ses personnages, prend la réflexion de vitesse. Elle se manifeste en actes, créateurs, violents, générateurs d'équilibre.
Seuls l'intéressent, à l'entendre, les « gens normaux », ceux qu'il a connus sur les aérodromes de l'âge héroïque, sur les pistes des circuits automobiles, sur les champs de bataille, les terrains de golf, à la chasse, à la pêche, sur terre et dans les airs. Dans les romans de son ami William Faulkner, scénariste à l'occasion, il n'aimait pas les personnages trop complexes ou singuliers à son goût. Il lui disait : « Pourquoi ne prends-tu pas tes personnages parmi les gens que nous connaissons ? Les pilotes par exemple. » Hawks, pour sa part, tient beaucoup à souligner l'authenticité de ce qu'il filme. Il a raconté vingt fois aux journalistes qui l'interrogeaient l'histoire du vieux pilote au cou brisé que Cary Grant assiste dans une scène de Seuls les anges ont des ailes (Only Angels Have Wings, 1939). L'homme demande qu'on le laisse seul pour mourir. « Je me suis toujours demandé comment je réagirais au moment de ma mort, dit-il à Cary Grant. Alors tu vas me laisser seul, n'est-ce pas ? » Cary Grant sort sous la pluie, fume une cigarette, tandis que son ami meurt. « Cette scène n'a pas été inventée, je l'ai vécue », dit Hawks.
Lorsqu'en 1930 il entreprend son premier film parlant, les producteurs lui demandent : « Avez-vous l'expérience du théâtre ? » il répond : « Non, mais je sais comment les gens parlent dans la vie. » Inversement, il explique l'échec de La Terre des pharaons (Land of Pharaons, 1955) en disant : « J'ignore comment parle un pharaon. Et Faulkner ne le savait pas davantage. Personne ne le savait. »
Hawks éprouve le besoin d'assurer le sol sous ses pas. Besoin de vérité, mais surtout horreur de l'emphase, volonté de s'en tenir à la logique, au naturel, à la seule efficacité.
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Écrit par
- Claude-Jean PHILIPPE : journaliste
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Médias
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