HU JINTAO (1942- )
Né dans la province orientale de l'Anhui en 1942, secrétaire général du Parti communiste chinois (P.C.C.) de novembre 2002 à novembre 2012, chef de l'État (mars 2003-mars 2013) et de l'Armée populaire de libération (septembre 2004), Hu Jintao a cumulé, comme son prédécesseur direct Jiang Zemin, l'ensemble des positions institutionnelles importantes au sein du système politique chinois. Premier dirigeant à avoir adhéré au P.C.C. après 1949, il s'est installé au pouvoir alors qu'un chassé-croisé de personnalités avait lieu à la tête des institutions. Le retrait des acteurs de la répression du « printemps de Pékin » en 1989 (Li Peng notamment) s'est effectué en même temps que l'arrivée de la quatrième génération de dirigeants depuis Mao, dont un noyau fut coopté par les porte-parole, notamment Hu Yaobang, Zhao Ziyang et Hu Qili, dans les années 1980, d'une réforme politique. Choisi par Deng Xiaoping et ces derniers, dès 1992, pour être le chef de file de la nouvelle génération de technocrates, Hu Jintao ne possède cependant que certaines des caractéristiques de celle-ci. À l'origine, il est un bureaucrate provincial consciencieux, un politicien professionnel et surtout un « ingénieur rouge ».
Sans lien familial connu avec un dirigeant historique, mais de « bonne origine de classe », il est diplômé de la très prestigieuse université Tsinghua. Les réseaux de Hu Jintao, technicien dans les années 1960 sur des chantiers de construction de centrales électriques dans la province du Gansu, se sont forgés, au-delà de son école, dans les rangs de la Ligue des jeunesses communistes (L.J.C.) et au niveau local. Du Gansu, Hu Jintao est affecté, au début des années 1980 par la L.J.C., dans la province montagneuse du Guizhou, où il devient secrétaire du parti en 1985. Parallèlement à cette nomination, il est promu au comité central. À nouveau, en 1988, il est nommé à un poste au niveau local : celui de secrétaire du P.C.C. au Tibet. Hu a ainsi accédé très tôt aux plus hautes fonctions : membre permanent du bureau politique à cinquante ans, président de l'École centrale du parti un an plus tard.
Longtemps dénué de compétences gouvernementales spécifiques (son inexpérience des dossiers économiques et des questions internationales constituaient, avant son investiture, des handicaps majeurs), parlant russe mais peu anglais, Hu Jintao est mal inséré dans les réseaux de clientèle de son prédécesseur : Shanghai et la Chine côtière. Pour autant, Hu n'est pas le dirigeant fantoche que l'on pensait. S'il a dû prêter allégeance à la politique des « Trois Représentativités » de Jiang Zemin, qui autorise en particulier l'adhésion des entrepreneurs privés au parti, il est parvenu à isoler les proches de Jiang (dont Zeng Qinghong, vice-président de l'État) et à imposer l'image d'un dirigeant, soucieux d'égalité et de transparence [son credo est de bâtir une société « aisée » (xiaokang)]. Cependant, sa personnalité demeure remarquablement opaque. Personnage énigmatique, un temps assimilé à Zhou Enlai, ses décisions politiques ont manifesté une attitude toujours prudente, souvent populiste, parfois conservatrice et rarement ouvertement progressiste. Par exemple, en proclamant la loi martiale au Tibet en 1989 à la suite d'émeutes locales, il fut le premier dirigeant de province à soutenir cette décision prise par Li Peng sur le plan national. En mai 1999, lors du bombardement de l'ambassade de Chine à Belgrade par l'O.T.A.N., il s'était fait le porte-parole du sentiment anti-américain croissant au sein de la population, de même qu'en avril 2001, lors de l'affaire de l'avion espion américain au-dessus de l'île de Hainan. À l'inverse, lors de la crise du SRAS au printemps de 2003, il n'hésita pas à limoger le ministre de la Santé[...]
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Écrit par
- Stéphanie BALME : chercheuse au C.E.R.I. (Sciences Po-CNRS), en mission à l'université chinoise de Hong Kong
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