HU SHI[HOU CHE](1891-1962)
Savant et diplomate, originaire de Jixi dans l'Anhui, Hu Shi est né à Shanghai. Après des études traditionnelles dans l'école de sa famille à Jixi et des études « occidentales » à Shanghai, il est envoyé comme boursier aux États-Unis où il reste sept ans (1910-1917 ; thèse de doctorat : The Development of the Logical Method in Ancient China, publiée à Shanghai en 1922). À la fin de son séjour aux États-Unis, il envoie à la revue La Jeunesse (Xin qingnian) un essai préconisant l'usage de la langue parlée pour remplacer la langue écrite dans la littérature, et se trouve d'emblée « père de la révolution littéraire » (qu'il décrira plus tard dans une série de conférences publiées à Chicago en anglais sous le titre The Chinese Renaissance, 1934). Rentré en Chine, devenu professeur à l'université de Pékin, il se distingue par une série d'essais dans lesquels il tâche de faire adopter des réformes pour moderniser le pays : l'émancipation de la femme (« ibsenisme »), l'emploi de méthodes pragmatiques et scientifiques dans l'étude des sciences humaines et dans la vie politique et sociale. Il joue un rôle important en 1919 dans le mouvement du 4-Mai sous la double bannière de « science et démocratie » et reste résolument opposé aux mouvements révolutionnaires et extrémistes, de droite ou de gauche.
Humaniste aussi bien que réformateur, Hu Shi essaie pendant cette période (sa plus féconde sans doute) de retrouver dans le passé de la Chine des éléments qui appuient ses réformes « occidentales » : il développe sa thèse américaine pour en faire le premier volume (seul paru) d'une histoire de la philosophie chinoise (Zhongguo Zhexue shi dagang, 1919) ; il réhabilite les romans en langue vulgaire (Shuihu zhuan kaozheng, 1920 ; Honglou meng kaozheng, 1921), écrit le premier volume (seul paru) d'une histoire de la littérature chinoise en langue vulgaire (Baihua wenxue shi, 1928) et publie une foule d'articles sur des sujets nouveaux qui ont considérablement stimulé les recherches ultérieures (recueillis dans Hu Shi wencun, 3 séries, 12 vol., 1921-1926). Président de son collège de jeunesse, le Zhongguo gongxue, en 1928-1930 (après être allé en Europe et aux États-Unis), doyen de la faculté des lettres de l'université de Pékin de 1930 à 1937, il donne à ses écrits une tournure de plus en plus politique, de plus en plus en opposition avec les partis de gauche. Tout en gardant une certaine distance avec le Parti nationaliste (Guomindang), il appuie néanmoins certains aspects de leur politique et part, en 1938, comme ambassadeur aux États-Unis. Il est relevé de ses fonctions (sans explication) en 1942 et retourne en Chine comme président de l'université de Pékin en 1946. La même année, il est élu au Parlement. Il fuit l'arrivée des communistes en 1948 et gagne les États-Unis où il reste jusqu'en 1958, année au cours de laquelle il est élu président de l'Academia Sinica à Taiwan, où il meurt quatre ans plus tard. Ses vues modérées et sa défense obstinée des droits et des libertés individuelles l'ont rendu persona non grata chez les nationalistes bon teint aussi bien que chez les communistes. Une campagne diffamatoire menée pendant de longues années en Chine continentale (Hu Shi sixiang pipan, 8 séries, 1955-1956) montre, peut-être, que sa philosophie faite de modération et de libéralisme n'était pas tout à fait oubliée par ses compatriotes.
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Écrit par
- Donald HOLZMAN : ancien directeur d'études à l'École des hautes études en sciences sociales
Classification
Autres références
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CHINE - Histoire jusqu'en 1949
- Écrit par Jean CHESNEAUX et Jacques GERNET
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CHINOISE (CIVILISATION) - La littérature
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