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HU YAOBANG[HOU YAO-PANG](1915-1989)

Ancien secrétaire général du Parti communiste chinois, Hu Yaobang est décédé à Pékin le 15 avril 1989. Sa disparition bouleversait le fragile équilibre entre « conservateurs » et « réformateurs » au sein de la direction chinoise : bien que démis de ses fonctions à la suite de l'agitation estudiantine de l'hiver de 1986-1987, Hu Yaobang avait en effet conservé son siège au sein du comité permanent du bureau politique. Ses funérailles, le 22 avril, furent l'occasion de manifestations populaires d'une ampleur sans précédent.

Mais l'hommage qui lui était ainsi rendu se transformait bientôt en une épreuve de force entre le régime et une population excédée par la corruption de la bureaucratie et inquiète de voir les adversaires de toute forme de libéralisation politique prendre l'avantage. Elle devait se conclure, à l'aube du 4 juin, par un affreux bain de sang. Rien, pourtant, ne prédisposait Hu Yaobang à tenir, à titre posthume, le rôle de porte-drapeau des aspirations démocratiques de la Chine urbaine. Ce gaffeur-né, dont le franc-parler n'est pas sans rappeler celui de Khrouchtchev, a vu le jour le 20 novembre 1915, dans un village de montagne du district (xian) de Liuyang, dans la province du Hunan. Ses parents, des Hakkas, étaient des paysans suffisamment aisés pour l'envoyer à l'école. Mais le Hunan – et tout particulièrement son district natal – se trouve dans l'œil du typhon révolutionnaire qui balaie alors la Chine et fait alterner terreur « blanche » et terreur « rouge », et, au début de l'année 1931, Hu Yaobang, qui est en seconde année de collège, décide de rejoindre les maquis communistes de Mao Zedong, dans la province voisine du Jiangxi.

C'était le début d'un parcours politique sans faute qui, cinquante ans plus tard, allait le conduire à la tête du P.C.C. Après son installation dans le soviet du Jiangxi, il se voit confier l'éducation et la formation politique des enfants-soldats, pour la plupart analphabètes, d'une compagnie de l'Armée rouge. Il se lie alors d'amitié avec le jeune frère de Mao Zedong, Mao Zetan. Mais c'est à ses talents d'organisateur et à sa souplesse d'esprit, beaucoup plus qu'à la qualité de ses relations, que le jeune homme doit son ascension fulgurante : à dix-huit ans tout juste révolus, il est admis au Parti communiste et, au début de 1934, il est promu secrétaire général de l'Association des pionniers communistes. Grièvement blessé au cours d'un bombardement par l'aviation nationaliste, il n'en termine pas moins la Longue Marche (oct. 1934-oct. 1935) à la tête du service des invalides du troisième groupe d'armées.

À Yan'an, il retrouve tout naturellement son affectation au secteur de la jeunesse, d'abord comme membre du bureau central de la Ligue de la jeunesse communiste (L.J.C), puis, au début de 1937, comme membre suppléant du bureau exécutif de l'Alliance de la jeunesse antijaponaise qui l'a remplacée. Sa carrière est alors coupée d'un bref intermède de six mois, durant lequel il complète sa formation politique à l'université antijaponaise (Kangda) où, par la suite, il occupera les fonctions de directeur adjoint du département politique. Concrètement, il a la charge d'opérer la conversion des jeunes patriotes que l'invasion japonaise fait affluer à Yan'an et de faire d'eux des cadres maoïstes. Puis, en 1939, il est muté au département politique général de l'armée.

Là, il est directeur du département de l'organisation, qui est une sorte d'état-major de la commission militaire centrale dirigée par Mao Zedong. Hu Yaobang demeurera à ce poste jusqu'à la capitulation japonaise, en août 1945. Il redevient alors un homme de terrain, comme commissaire politique d'une brigade (30 000 hommes),[...]

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  • CHINE, histoire, de 1949 à nos jours

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