HUANG GONGWANG[HOUANG KONG-WANG](1269-1354)
Huang Gongwang est l'aîné de ces « quatre maîtres de l'époque Yuan » (les trois autres étant Wu Zhen, Ni Zan et Wang Meng) qui donnèrent au paysage Yuan son visage spécifique et exercèrent une influence déterminante sur tout le développement de la peinture des lettrés aux époques Ming et Qing. On peut le considérer comme le représentant le plus puissant et le plus complet du groupe. Sa destinée ne fut pas moins exemplaire que son art : originaire de Changshou, son existence se partagea entre des séjours dans les centres intellectuels et artistiques de Suzhou et Hangzhou et de fréquentes retraites dans les solitudes agrestes du mont Lu et des monts Fuchun. Il est donc à tous égards un pur produit de cette région du Sud-du-Fleuve (Jiangsu et Zhejiang) qui, depuis les Song du Sud, était devenue le principal foyer culturel de la Chine.
L'itinéraire typique d'un lettré Yuan
Après avoir exercé avec compétence un emploi administratif, vers quarante-cinq ans il renonce brusquement à la bureaucratie et se met à mener une existence indépendante et vagabonde. Il ne faut pas nécessairement interpréter ce soudain changement d'orientation comme une manifestation protestataire à l'égard des occupants mongols ; mais quelles que furent ses motivations concrètes, en s'affranchissant ainsi de toutes les obligations de la vie officielle et en se plaçant dans une situation de désengagement individualiste à l'égard de l'ordre politique, il rejoignait la condition commune de l'élite intellectuelle de son époque. Il pratiqua pendant un temps le métier de diseur de bonne aventure (Wu Zhen fera de même quelques années plus tard), profession généralement exercée par des moines errants ou des intellectuels en chômage, et qui comportait une connotation à la fois savante et bohème. Puis il se retira quelques années sur les pentes du mont Lu, consacrant ses loisirs au vin et à la contemplation de la nature. La fréquentation intime de la montagne, la communion avec la nature ont constitué un des éléments fondamentaux de sa formation spirituelle et artistique ; à la différence de tant de lettrés pour qui l'amour de la montagne n'était souvent qu'une convention de bon aloi, cultivée en chambre, chez Huang il s'agissait d'une expérience vécue dont se nourrissait son inspiration.
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Écrit par
- Pierre RYCKMANS
:
reader , Department of Chinese, Australian National University
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