HUANGHE [HOUANG-HO]ou FLEUVE JAUNE
La maîtrise du fleuve
Le 30 juillet 1955, un Plan d'aménagement complet du fleuve Jaune est adopté par la première Assemblée populaire nationale. La construction de 46 barrages sur le cours moyen du fleuve, l'afforestation de milliers d'hectares et la réalisation de centaines de milliers de petits ouvrages pour la conservation des sols dans les régions du lœss devaient permettre de maîtriser définitivement le fleuve Jaune et d'en faire une grande artère de navigation qui manquait à la Chine du Nord, avec des bateaux de 500 tonnes jusqu'à Lanzhou et une production électrique de 110 milliards de kilowattheures, tandis que les surfaces irriguées passeraient d'un million à 7 millions d'hectares.
Cette gigantesque entreprise devait s'étaler sur soixante-dix ans, une première tranche devant être achevée en 1967. Mais intervint d'abord la rupture sino-soviétique, qui priva la Chine d'une aide russe essentielle en matière d'équipements, de technologie et de personnel scientifique. Puis, en 1966, ce fut l'explosion de la révolution culturelle, avant même que la première tranche programmée ait été menée à bien.
Néanmoins, dès 1950, de grands travaux mobilisant des millions de paysans – en hiver – sont entrepris sur le cours inférieur, dans la traversée de la Grande Plaine : réparation et renforcement des digues (130 millions m3 de terrassement) ; bassins d'amortissement des crues de part et d'autre du lac Dongping dans le Shandong et à Changyuan dans le Henan ; canal de la Victoire du peuple entre Zhengzhou et Xinxiang, qui dérive une partie des eaux de crue vers la rivière Wei à 50 kilomètres au nord, au cœur de la plaine.
L'essentiel reste l'aménagement hydroélectrique du cours supérieur, dont les travaux entrepris au cours des années 1960-1970 ont abouti à l'édification de cinq grandes centrales en amont de Lanzhou : Liujiaxia (1 225 MW), première réalisation chinoise de plus de 1 000 mégawatts, Yanguoxia (352 MW) et Bapanxia (180 MW), un peu plus en aval, Qingtongxia (272 MW), dans la traversée de la région autonome du Ningxia, et Longyanxia, en amont de Liujiaxia (1 280 MW). Depuis la fin des années 1970 a été entrepris l'équipement du cours moyen, sur 725 kilomètres entre la grande boucle et Sanmenxia. On y envisage un escalier de huit barrages dont la puissance installée atteindrait 6 000 mégawatts pour une production annuelle de quelque 19 milliards de kilowattheures ; un premier barrage, Tianqiao, était terminé en 1995 et un second, Wanjiazhai, fait l'objet d'un projet d'alimentation en eau des trois zones industrielles de Taiyuan, Pingsuo et Datong.
L'équipement hydroélectrique du haut fleuve Jaune est parfaitement pertinent en raison de son contexte géographique. Il se situe dans une relative proximité des grands centres de consommation industrielle de la vallée de la Wei, du Shanxi, du Hebei, avec en particulier Pékin et Tianjin. Par ailleurs, les plus grands ouvrages sont des barrages-réservoirs de haute chute et, par conséquent, en mesure de compenser en période de pointe la saturation de la fourniture thermique. Le site montagnard, avec ses nombreuses gorges, facilite considérablement l'ancrage des barrages, tandis que la turbidité, ici négligeable, ne menace pas le bon fonctionnement des réservoirs et des turbines, comme c'est le cas sur les cours moyen et inférieur.
À l'aval, après le coude qui commande l'entrée du fleuve dans la Grande Plaine, c'est le barrage de Sanmenxia (« barrage des Trois Portes ») dans un site éminent, prévu à l'origine pour contrôler les crues dévastatrices par un réservoir de 3 500 kilomètres carrés d'une capacité de 36 milliards de mètres cubes. Ce devait être un « second Kuibyshevo ». Mais cette réalisation impliquait la mise en eau de 130 000 hectares et l'évacuation[...]
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Écrit par
- Pierre TROLLIET : professeur des Universités, Institut national des langues et civilisations orientales
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