CURIEN HUBERT (1924-2005)
Grand organisateur, connu pour son pouvoir de persuasion
Ses qualités d'organisateur trouvent tôt l'occasion de se manifester. En 1954, il est chargé par le directeur de son laboratoire, le professeur Wyart, d'organiser le 3e congrès de l'Union internationale de cristallographie (de périodicité trisannuelle). Les 1 500 participants du congrès de Paris gardent le souvenir d'une grande réussite. Dès cette époque, Hubert Curien se voit confier des responsabilités dans diverses sociétés savantes : l'Association française de cristallographie, la Société française de minéralogie, entre autres. Par la suite, il assumera de plus lourdes charges dans des organismes européens et internationaux. Lorsque est créée la Commission fédérale de physique, afin de maintenir les liens entre la faculté mère de Paris et sa turbulente fille d'Orsay, il en devient tout naturellement président. Ses collègues ne s'étonnent donc pas de sa nomination, en 1966, au poste nouvellement créé de directeur scientifique pour la physique au Centre national de la recherche scientifique (CNRS). En 1969, il devient directeur général de cette importante entreprise nationale. Il s'attaque avec succès au difficile problème du choix optimal des sujets de recherche, en créant notamment les « actions thématiques programmées ». Ce sont des actions incitatives sur des thèmes sélectionnés de façon à favoriser des secteurs prioritaires pour le pays et à valoriser simultanément les idées neuves de recherche qui viennent des chercheurs eux-mêmes. Il engage un processus de décentralisation en mettant en place des administrateurs délégués régionaux.
Il s'efforce enfin de multiplier et de renforcer les relations extérieures du CNRS, tant en France qu'à l'étranger, en mettant un accent tout particulier sur les relations européennes. La dimension européenne tient beaucoup à cœur à Hubert Curien, qui préside alors à la création de la Fondation européenne de la science. Il obtient que son siège soit à Strasbourg.
C'est dans ce cadre qu'Hubert Curien a poussé l'idée de créer une machine à rayonnement synchrotron, construite et gérée par une collaboration européenne, dont les décisions de réalisations ont été prises en 1985. En 1973, il gravit un échelon de plus, celui de délégué général à la recherche scientifique et technique. Avec la préparation du VIIe plan de développement économique et social, il procède à un examen approfondi des grands axes de la recherche à un moment où l'avenir de l'industrie apparaît de plus en plus lié à l'évolution du savoir. Hubert Curien relance la politique de l'emploi scientifique en mettant en place un système d'allocations de recherche pour former de jeunes cadres et crée un fonds d'intervention pour promouvoir les programmes intéressant directement les services et organismes publics. Il restructure le Comité consultatif de la recherche scientifique et technique.
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Écrit par
- Jean TEILLAC : professeur honoraire à l'université de Paris-VI-Pierre-et-Marie-Curie, haut-commissaire à l'énergie atomique, membre du Conseil économique et social
Classification
Média