CURIEN HUBERT (1924-2005)

Son engagement dans la recherche spatiale

En 1976, la nomination d'Hubert Curien à la présidence du Centre national d'études spatiales (CNES) marque un tournant dans sa carrière. Son sens des relations, sa vaste culture scientifique, sa sensibilité diplomatique insuffleront une seconde jeunesse au CNES. Le soir de Noël 1979, la première fusée Ariane jaillit enfin de la base de Kourou. L'Europe conquiert haut la main le marché de l'espace. La dimension spatiale est entrée dans les mentalités, les programmes de développement et les projets politiques. Mais, en dehors de ces importantes responsabilités, la carrière d'Hubert Curien témoigne de sa réussite scientifique. Les travaux de l'équipe qu'il anime sont reconnus au niveau international, notamment ceux qui ont trait aux dislocations cristallines et à la diffusion incohérente des rayons X dans les cristaux (effet Compton). Savoir dépasser sa spécialité pour s'ouvrir à la diversité des travaux des autres chercheurs requiert une grande ouverture d'esprit et un caractère généreux. Hubert Curien sait faire place aux autres, les écouter et comprendre leurs problèmes. Il possède l'art de résumer une situation en quelques mots frappants, et il n'a pas besoin d'élever la voix pour être entendu. Sachant bien que la continuité est une condition première du succès de toute recherche, il est soucieux d'éviter les brusques coupures dans les moyens attribués, aussi bien que l'inflation des équipements, une baisse de qualité de recrutement, une dispersion de compétences ou un affaiblissement des possibilités de créativité. Étant lui-même homme de laboratoire, Hubert Curien veut maintenir la dignité d'artisan créateur du chercheur. Rien ne lui est plus étranger que la tentation du dirigisme qui réduirait le chercheur à un rouage dans la machine du progrès scientifique. Il n'est pas l'homme des dossiers, mais des contacts directs.