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GIVENCHY HUBERT DE (1927-2018)

Né le 20 février 1927 à Beauvais dans une famille qui compte un photographe de mode et un administrateur des manufactures des Gobelins et des manufactures de tapisseries de Beauvais, Hubert de Givenchy est destiné par ses parents à une carrière juridique. Il apprend le droit dans une étude de notaire. Après la Libération, il vient à dix-sept ans à Paris, entre à l'École des beaux-arts et travaille chez Jacques Fath. Après un passage chez Robert Piguet (où il précède Marc Bohan) et chez Lucien Lelong (au moment du départ de Balmain et de Dior), Hubert de Givenchy entre dans l'équipe d’Elsa Schiaparelli, où il animera pendant quatre ans la boutique place Vendôme, en créant des accessoires, des bijoux et des vêtements simples et attrayants.

En 1951, il crée sa propre maison de couture, près du parc Monceau, dans un hôtel particulier, et présente sa première collection en février 1952 avec l'appui d'amis et de mannequins, comme Bettina Graziani. Cette première collection, qui apporte un vent de jeunesse à la couture, est un triomphe ; parmi les succès de Givenchy, on compte bientôt les étoles légères et désinvoltes, les blouses très variées (dont il a acquis la maîtrise à travers ses activités de création pour la boutique de Schiaparelli), associées à des jupes amples ou fuselées, des robes-tuniques, des robes-bulles et des toilettes du soir courtes devant et plongeant souplement vers l'arrière.

La prestance du jeune couturier, sa haute taille et, déjà, sa réserve sont célèbres. Il témoigne, comme son maître spirituel et ami Cristobal Balenciaga, d'une très grande attention aux tissus, à leur grain, à leur épiderme, à leur tombé, et réagit avant tout en architecte.

Hubert de Givenchy - crédits : Mondadori Portfolio/ Reporters Associati & Archivi/ AKG-Images

Hubert de Givenchy

Les consécrations officielles ne lui manquent pas : en 1961, il est l'auteur du modèle d'une robe du soir à corsage brodé portée par Jackie Kennedy pour le gala qui marque la visite officielle du couple présidentiel en France. Mais Hubert de Givenchy trouve une interprète toute désignée en Audrey Hepburn, qui porte ses toilettes dans plusieurs films : telle robe du soir dans Sabrina (1954), des robes du soir, l'une à effet de manteau de cour, l'autre ponctuée de grosses roses brodées, pour Funny Face (1957), un petit fourreau noir et un fameux chapeau dans Breakfast at Tiffany's (1961), des ensembles et des robes pour Charade (1963) et pour How to Steal a Million (1966) ou telle robe du soir montrant audacieusement une partie du buste et de la jambe pour Bloodline (1979).

D'une silhouette simple et stricte pendant les années 1960, les modèles de Givenchy atteignent un grand dépouillement pendant la décennie suivante. Les ensembles en lainage ou en peau, ceinturés de cuir, les manteaux d'après-midi garnis d'incrustations, les tailleurs composés par soustractions successives cèdent la place, le soir venu, à des robes fluides de mousseline, de tulle ou à des toilettes légères de gazar (tissu de soie très léger qui rappelle l'organza), de crêpe ourlé de fourrure ou de franges de soie... Des toilettes très structurées s'ornent de manches brodées de feuilles ou de lèvres, en hommage à Elsa Schiaparelli, ou s'accompagnent, luxe suprême, de manteaux en peau de reptile doré.

Hubert de Givenchy joint à un esprit d'investigation formelle une grande culture artistique qui lui inspire certains partis pris : en 1980, en hommage aux recherches de Fortuny, il crée quelques modèles du soir qui évoquent les robes « Delphos » de ce couturier ; en 1986, une série de toilettes s'inspirent de l'exotisme et de la richesse chromatique des costumes présentés à l'exposition indienne du Metropolitan Museum de New York. Hubert de Givenchy exalte dans son œuvre le sens de la pérennité, la perfection des structures, l'exigence de la coupe et les valeurs artisanales de la couture. En 1988, il vend la maison de couture[...]

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Écrit par

  • : conservateur du musée de la Mode et du Costume, palais Galliera

Classification

Média

Hubert de Givenchy - crédits : Mondadori Portfolio/ Reporters Associati & Archivi/ AKG-Images

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