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HUMPHREY HUBERT H. (1911-1978)

Ancien vice-président des États-Unis et sénateur démocrate du Minnesota.

Fils d'un petit commerçant, Hubert H. Humphrey comprend d'autant mieux les rigueurs de la crise économique qu'il les subit : il est obligé, en 1931, de quitter l'université du Minnesota pour aider sa famille. Il reprend cependant ses études en 1937 et obtient sa maîtrise avec un mémoire sur « La Philosophie politique du New Deal ». Grâce au New Deal, il devient professeur dans un des programmes rooseveltiens (Works Progress Administration) et s'établit de façon permanente à Minneapolis. Il vient à la politique en raison de ses liens avec les syndicats et les communautés juive et noire.

Après un échec en 1943, il est élu en 1945 à la mairie de Minneapolis, grâce à la nouvelle coalition démocrate qu'il a contribué à créer dans le Minnesota : le Democratic-Farmer- Labor Party, allié au Parti démocrate et l'un des groupes américains les plus originaux (puisqu'il rassemblait paysans et ouvriers) et les plus progressistes de l'après-guerre.

Réformiste, il s'attaque à la prostitution et aux jeux, réorganise et « nettoie » la police, et lutte contre l'antisémitisme pour lequel la ville était alors connue. Il fait aussi preuve de l'anticommunisme qui caractérisera toute sa carrière : ayant réussi à exclure, en 1948, les communistes qui avaient obtenu le contrôle du parti D.F.L. en 1944, il propose en 1954 que l'adhésion au parti communiste soit considérée comme un crime. Pour lui, en effet, les communistes ne constituent pas un parti politique mais un « complot international » et, à ce titre, ne sont pas couverts par les protections constitutionnelles. Il passe pourtant pour un « gauchiste » lorsqu'il devient sénateur en 1949. Ses positions sur les droits civiques (qu'il a défendus avec vigueur à la convention démocrate de 1948) mécontentent l'aile sudiste du parti. De plus, une propension à exprimer son avis sur n'importe quel sujet et un talent certain pour soigner sa publicité déplaisent à des collègues qui poussent le sens de la hiérarchie fort loin dans une nation qui se veut éminemment démocratique. Aussi lui faut-il attendre longtemps pour obtenir les voix des autres sénateurs, y compris celles de ses amis politiques. Ce n'est réellement qu'après son échec à la candidature démocrate à la présidence, en 1960, contre John F. Kennedy, que Hubert Humphrey voit la plupart des propositions de loi pour lesquelles il s'était battu être adoptées par le Congrès : ratification du traité sur l'interdiction des essais nucléaires, loi sur les droits civiques. En 1964, Lyndon Johnson le choisit comme vice-président et la liste démocrate est triomphalement élue en novembre. Le rôle qu'il joue dans les choix politiques du gouvernement Johnson est, semble-t-il, minime. Devenu, cependant, le porte-parole présidentiel pour l'aile démocrate libérale, il soutient l'effort de guerre avec un enthousiasme croissant après un voyage au Vietnam, en 1966 ; il y perdra le respect des libéraux... et la présidence en 1968. Celle-ci est en effet son ambition ultime. Mais après une campagne particulièrement fratricide pour obtenir la nomination démocrate, Hubert Humphrey apparaît trop comme le symbole de la guerre et ses positions sur ce point sont trop semblables à celles de Lyndon Johnson... et à celles de Richard Nixon. Au cours des dernières semaines de la campagne, cependant, il déclare qu'il cessera les bombardements sur le Vietnam du Nord. Ses chances augmentent alors considérablement, d'après les sondages d'opinion, et s'il est finalement battu par Nixon, ce n'est que de très peu.

Revenu au Sénat en 1971, il y exercera une influence jusqu'à sa mort, en janvier 1978 ; il est, en effet, devenu le symbole de la gauche modérée américaine,[...]

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Écrit par

  • : directeur de recherche au Centre d'études et de recherches internationales de la Fondation nationale des sciences politiques

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