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HUBERT ROBERT, 1733-1808. UN PEINTRE VISIONNAIRE (exposition)

Une peinture du sublime

Nous nous rendons compte, avec cette première partie de l’exposition, de ce que signifie le titre de « peintre d’architecture » que lui ont donné les académiciens du roi lors de sa réception en 1767. Nous assistons en effet, à travers les œuvres d’Hubert Robert, à la naissance d’une architecture fondée sur l’observation de la nature et qu’on pourrait dire préromantique. Architecture et archéologie sont ici consubstantielles puisque, dans La Découverte du Laocoon (1773), par exemple, Robert réinvente une scène clé : la découverte d’antiques.

Ce qui frappe dans les visions d’Hubert Robert, qu’elles touchent au sublime (Les Sources de Fontaine-de-Vaucluse, 1783) ou à l’effroi avec l’impressionnant Incendie de Rome (vers 1771), c’est leur puissance suggestive. Au-delà de l’aspect pittoresque des ruines et des monuments romains surgit une dimension archétypique qui constitue peut-être la part la plus moderne de son œuvre. Loin de s’en tenir à une pure description, Hubert Robert peint les choses hors du tableau, si l’on peut dire, comme les échappées vers le ciel ou, plus fascinant, les personnages qui descendent dans les profondeurs qu’on ne voit pas. La puissance poétique de sa représentation de l’espace qui inclut des personnages, de l’eau, des ponts, des escaliers, comme autant d’éléments vivants du psychisme, donne une image de l’inconscient en tant que civilisation oubliée très agissante. C’est peut-être ce qui ressort le mieux de cette exposition qui a lieu à un moment de notre histoire où nous sentons que quelque chose se passe dans l’espace psychique qui est de l’ordre du temps.

<em>Grande Galerie du Louvre en ruines</em>, H. Robert - crédits : Photos.com/ Jupiterimages

Grande Galerie du Louvre en ruines, H. Robert

La dernière partie de l’exposition nous montre un peintre qui nous est cher, celui du Paris des grands monuments, de la Révolution et du futur musée du Louvre, dont il anticipe même la destruction dans un impressionnant tableau. La démolition des maisons du pont Notre-Dame, de la Bastille, Le Ravitaillement des prisonniers à la prison de Saint-Lazare et, au final, les six projets consacrés à l’aménagement de la grande galerie du Louvre, rassemblés pour la première fois, signent l’émouvant témoignage d’une œuvre vivante, qui nous rend sensible ce que Chateaubriand nommait l’« admirable tremblement du temps ».

— Marie-Josèphe BONNET

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<em>Grande Galerie du Louvre en ruines</em>, H. Robert - crédits : Photos.com/ Jupiterimages

Grande Galerie du Louvre en ruines, H. Robert