CLAUS HUGO (1929-2008)
Auteur prolifique et à multiples facettes, dont l'envergure internationale fut définitivement scellée par son opus magnum Het verdriet van België (Le Chagrin des Belges, 1983), Hugo Claus appartient aux grandes figures de la littérature néerlandophone. Citée à plusieurs reprises pour le prix Nobel, son œuvre, placée sous le signe d'un vitalisme hors pair, se caractérise par une écriture à la fois poétique et directe. Tout en s'inspirant volontiers des classiques, Claus ne redoute nullement de verser dans le propos burlesque, trivial, voire obscène.
Un mille-pattes aux allures de lion
Né à Bruges le 5 avril 1929, Hugo Maurice Julien Claus est le fils aîné de Joseph Claus et de Germaine Vanderlinden. Trois mois après la naissance de Hugo, la famille déménage à Astène (Flandre-Occidentale), village natal de Germaine, où Joseph poursuit une activité d'imprimeur, doublée d'un commerce de matériel scolaire. Au cours des années suivantes, la famille s'agrandit avec l'arrivée de trois autres garçons. Le jeune Claus connaît une scolarité chaotique au cours de laquelle il change fréquemment de pensionnat, notamment durant les années de guerre.
Dès 1946, il quitte la maison paternelle, fait ses premiers pas dans la poésie et la peinture et rêve d'une carrière de comédien. C'est toutefois la littérature qui l'emporte rapidement. En 1947, Claus publie un recueil de poésie expérimentale. Son premier roman De Metsiers (La Chasse aux canards), composé en un mois à la suite d'un pari, paraît en 1950. Le livre, qui attire sans tarder l'attention du public et de la critique littéraire, est couronné par le prix Leo J. Krijn. Mais il provoque aussi des réactions négatives, en raison des thèmes qu'il aborde tels que la sexualité et l'inceste.
Entre 1950 et 1953, au cours de ses années parisiennes (évoquées dans son roman Een zachte vernieling[Une douce destruction], 1988), Claus va être fortement influencé par les surréalistes, les existentialistes et les peintres avant-gardistes du groupe Cobra (Pierre Alechinsky, Karel Appel, Corneille, entre autres). À son retour en Belgique, il s'établit à Gand. Vient alors le succès : non seulement le roman De hondsdagen (Jours de canicule, 1952, prix Françoise Sagan, 1955) lui confère un statut de romancier incontournable, mais Een bruid in de morgen (Andréa, ou la Fiancée du matin, 1955), sa première pièce de théâtre, connaît un retentissement foudroyant, en même temps qu'elle suscite des attaques virulentes à cause d'un langage et de scènes estimés vulgaires.
Les années 1960 et 1970 seront à la fois productives et mouvementées pour ce mille-pattes aux allures de lion. Simultanément poète, romancier, nouvelliste, dramaturge, scénariste, metteur en scène, peintre et sculpteur, vivant et ayant vécu entre autres à Gand, à Amsterdam et à Paris, contractant plusieurs liaisons amoureuses (dont une avec l'actrice Sylvia Kristel, qui défraie longtemps la chronique mondaine), Claus se construit une réputation d'artiste cosmopolite infatigable et fréquente les milieux les plus divers. Il se partage alors entre la Provence et Anvers.
Son œuvre compte plus de 150 titres ; une cinquantaine de prix littéraires couronnent tant sa poésie et sa prose que ses œuvres dramatiques. En effet, Hugo Claus a reçu les plus hautes distinctions : le prix Constantin Huygens (1979), le prix des Lettres néerlandaises (1986), le prix européen Aristeion de littérature (1998) et le Leipziger Buchpreis zur Europaïschen Verständigung (2002).
Aux Pays-Bas, sa notoriété est souvent associée à celle de W. F. Hermans, Harry Mulisch, Cees Nooteboom, Gerard Reve et Jan Wolkers. Tout comme le Flamand Claus, ceux-ci comptent en effet parmi les grands écrivains des années 1950 et 1960, cette génération effervescente qui, parfois à son corps défendant, se[...]
La suite de cet article est accessible aux abonnés
- Des contenus variés, complets et fiables
- Accessible sur tous les écrans
- Pas de publicité
Déjà abonné ? Se connecter
Écrit par
- Paul GELLINGS : docteur ès lettres, écrivain, traducteur, professeur de littérature française
Classification
Média
Autres références
-
NÉERLANDAISE ET FLAMANDE LITTÉRATURES
- Écrit par Paul GELLINGS
- 6 824 mots
- 3 médias
Pendant l'après-guerre, le théâtre reste le parent pauvre des lettres du Nord. En fait, ce sont les œuvres dramatiques du flamand Hugo Claus (1929-2008) qui assurent pendant longtemps la survie du théâtre néerlandophone. Nous comptons chez lui près de 40 pièces originales, une bonne trentaine de traductions...