HERDEG HUGO PAUL (1909-1953)
Photographe suisse, né à Zurich, le 5 août 1909, Hugo Paul Herdeg a contribué à l'épanouissement d'une nouvelle sensibilité esthétique dérivée de la Neue Sachlichkeit. Ses photographies d'architecture et d'objets font aujourd'hui figure d'icônes de la modernité. En 1932, après un apprentissage dans sa ville natale, au studio Sonderegger, et quelques mois d'études à l'école de photographie de Lausanne, Hugo P. Herdeg rejoint son frère, Walter, à Paris. Il travaille d'abord chez le photographe hongrois Sasz, puis il se met à son compte, utilisant un Leica et un Rolleiflex, appareils qu'il a achetés à Man Ray.
Sa rencontre, en 1934, avec Christian Zervos, le directeur de la revue Les Cahiers d'Art, va changer le cours de sa vie. Grâce à cet intellectuel, éditeur de l'art moderne, il fait la connaissance des principaux artistes de l'avant-garde parisienne. Pablo Picasso, Georges Braque, Fernand Léger, Alexander Calder, Joan Miró, Jean Arp, Max Ernst, Piet Mondrian, Jean Hélion, Henri Laurens, César Doméla, Oscar Nitzchké, Paul Nelson deviennent ses amis. Herdeg fréquente ce cercle d'artistes et d'architectes et photographie régulièrement leurs œuvres pour des publications. Mais son activité principale se situe dans un autre cadre. Il travaille au musée de l'Homme, où il a obtenu un emploi permanent. Au contact des collections du musée, et en particulier des objets usuels et rituels des civilisations non occidentales, dont il cherche inlassablement à capturer l'esprit, il aiguise son regard. Il acquiert ainsi cet incroyable sens de l'objet qui irradiera toute sa production. Aussi, lorsqu'en 1937 Christian Zervos lui confie la responsabilité du reportage photographique sur l'Exposition internationale de Paris, il a déjà atteint, malgré son jeune âge (il n'a que vingt-huit ans) sa pleine maturité artistique. Zervos demande à Nitzchké d'accompagner le photographe afin de choisir avec lui les pavillons intéressants. De leur parcours commun dans l'exposition naîtra l'une des productions photographiques les plus puissantes de l'entre-deux-guerres. Par la hardiesse des choix opérés, par le contrôle du regard porté sur l'architecture des pavillons, par la cohérence de l'approche de l'espace, des lumières et des matières, Herdeg fera du numéro spécial de la revue une authentique œuvre d'art. On retiendra de cette superbe livraison, les photographies insolites de l'hélice du Normandie, du régénérateur électrostatique de Joliot-Curie, des nappes de lumière de la tour Eiffel, et cette vision surréaliste, à l'intérieur du pavillon espagnol, du Guernica de Picasso, curieusement mis à distance par l'inquiétante Fontaine de Mercure d'Alexander Calder. Ces années parisiennes sont pour Herdeg d'une intensité créative exceptionnelle. Il se marie en 1936. Son premier fils, Klaus, naît un an plus tard. La famille reçoit régulièrement, dans son appartement de la rue de Vaugirard, les Calder, les Nitzchké, les Domela et Piet Mondrian. Les week-ends sont passés à Giverny, dans la maison de Claude Monet. Mais cette vie heureuse prend fin avec la guerre.
En 1939, Hugo P. Herdeg quitte Paris, avec sa famille, pour Zurich. Mobilisé dans l'armée suisse, il se voit bientôt réformé en raison d'une grave maladie des poumons. C'est désormais dans son pays que se poursuit sa carrière. Il installe son atelier dans la maison de ses parents à Zurich, puis au numéro 11 de la Nordstrasse. Il travaille tantôt pour des industriels (IWC Schaffhouse, Nestlé), tantôt pour des artistes (Germaine Richier, Otto-Charles Bänninger, Hermann Hubacher, Hans Aeschbacher) et pour des architectes (Alfred Roth, Ernst Giesel, Bruno Giacometti, Max Bill, Denis Honegger, William Vetter). Il photographie la collection d’objets ethnographiques Van[...]
La suite de cet article est accessible aux abonnés
- Des contenus variés, complets et fiables
- Accessible sur tous les écrans
- Pas de publicité
Déjà abonné ? Se connecter
Écrit par
- Joseph ABRAM : architecte, professeur à l'École nationale supérieure d'architecture de Nancy, chercheur au Laboratoire d'histoire de l'architecture contemporaine
Classification