Abonnez-vous à Universalis pour 1 euro

WOLF HUGO (1860-1903)

« La vie de Wolf, écrit Ernst Decsey, ressemble à un de ses lieder : courte introduction, toute en lutte, explosion, décharge du cœur en une cantilène brûlante, chute dans un épilogue muet : un drame sur une page d'imprimerie. » Quant à son œuvre, elle est à l'univers du lied ce que celle de Wagner est à l'univers de l'opéra : un rocher incontournable.

Les débuts

Hugo Wolf est né le 13 mars 1860 dans un arrière-poste styrien de l'empire austro-hongrois, à Windischgrätz. Il était le second fils du tanneur de la ville, Philipp Wolf, qui se délassait volontiers d'un métier qu'il n'avait pas choisi en grattant du violon. Jusqu'en 1869, Hugo Wolf fréquenta l'école du village, cependant que son père, dont il se sentait assez proche, lui enseignait quelques rudiments de musique. Ses années de lycée à Graz, puis à Marbourg, révèlent déjà un caractère instable. Il semble que le jeune Hugo ait délibérément saboté ses études à partir de 1875 afin d'être envoyé – contre le gré de son père cette fois – au conservatoire de Vienne. Ses premières compositions (Sonate, op. 1, Variations, op. 2, Lieder, op. 3) datent en effet de cette année. Cependant, aucun signe ne permet de caractériser encore son futur style.

À quinze ans, Wolf s'installe à Vienne, ville qu'il ne quittera plus, excepté pour de courts voyages professionnels en Allemagne à partir de 1890, et pour un voyage en Italie qu'il effectuera en 1898 pour raison de santé. Vienne, creuset culturel d'une richesse inouïe, a toujours su attirer les grands musiciens – Mozart, Beethoven, Schubert, Brahms, Bruckner, Mahler, Schönberg, pour ne citer que les plus connus – et surtout les retenir. Aucun d'entre eux n'y eut la vie facile, aucun n'y fut reconnu de son vivant à sa juste valeur – et tous s'en plaignirent –, mais pas un seul ne songea sérieusement à la quitter. Hugo Wolf, condisciple de Mahler au conservatoire, fréquente assidûment l'Opéra. Il voit tout le répertoire et en connaît tous les rôles par cœur. De fait, bien plus que l'apprentissage au conservatoire, l'événement marquant des années de formation du jeune musicien est la découverte de Wagner.

En 1875, la « question Wagner » est de celles auxquelles personne ne peut rester indifférent. Pour les jeunes musiciens, Wagner est synonyme de progrès et de liberté, pour ses adversaires – dont le porte-flambeau, Eduard Hanslick, fit la pluie et le beau temps dans la Vienne musicale pendant près d'un quart de siècle –, il est le grand iconoclaste, le pervertisseur de la jeunesse. En 1876, Felix Mottl, alors tout juste âgé de seize ans, crée à Vienne une Wagner Verein, qui deviendra par la suite la première institution viennoise à donner régulièrement, à partir de l'hiver 1888, des auditions de lieder de Wolf. En 1882, Hugo Wolf assiste à Bayreuth à la création de Parsifal, avec Ferdinand Jäger dans le rôle titre. Il y retournera plusieurs étés de suite, et Ferdinand Jäger deviendra « son » chanteur, dès son premier concert donné en public en 1888. Il fallait un courage et une force d'âme peu communs pour se vouloir compositeur – et compositeur d'opéra – lorsque, et c'était le cas de Wolf, l'on avait une conscience très claire de la place qu'allait désormais occuper Richard Wagner dans l'histoire de la musique.

Après le départ de Wolf du conservatoire en 1877, sa vie créatrice, l'une des plus brèves et des plus sporadiques que l'on connaisse, se décompose en deux périodes. Entre 1878 et 1887, le compositeur s'essaye à tous les genres, puis vient le temps, de 1888 à 1897, où s'affirme son génie, et cela presque exclusivement dans ses recueils de lieder.

La suite de cet article est accessible aux abonnés

  • Des contenus variés, complets et fiables
  • Accessible sur tous les écrans
  • Pas de publicité

Découvrez nos offres

Déjà abonné ? Se connecter

Écrit par

Classification

Autres références

  • LEGGE WALTER (1906-1979)

    • Écrit par
    • 1 679 mots
    • 1 média
    ...l'intégrale du piano de Beethoven par Artur Schnabel, l'enregistrement à Glyndebourne des opéras italiens de Mozart, et même, rêve presque insensé, la diffusion dans des conditions artistiques inouïes d'un chef-d'œuvre maudit, les lieder de Hugo Wolf (dont Legge, initié par son maître Ernest...
  • LIED

    • Écrit par
    • 3 224 mots
    • 9 médias
    Pour en finir avec la plus brillante époque du lied allemand, on doit enfin parler de Hugo Wolf.