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WOLF HUGO (1860-1903)

La période instrumentale

Les compositions réalisées par Wolf de 1878 à 1887 témoignent de sa part d'une grande recherche dans l'expression. Il écrit successivement : Sechs geistliche Lieder, pour chœur mixte, a capella, sur des textes de Joseph von Eichendorff (1881) ; un Quatuor à cordes en mineur, avec en épigraphe cette maxime, qui résume à elle seule toute une vie : « Entbehren sollst du, sollst entbehren » (Prive-toi, tu dois te priver) [1878-1884] ; Penthesilea, poème symphonique d'après un drame de Kleist (1883-1885) ; Intermezzo (1886), pour quatuor à cordes ; Sérénade italienne (version pour quatuor, 1887 ; version pour petit orchestre à cordes, 1892).

Il est important de noter que les deux axes essentiels de l'expressivité du compositeur, qui ne s'épanouira véritablement que dans ses lieder, sont déjà en place : la voie intérieure, religieuse (Sechs geistliche Lieder), voire mystique, présente dans chacun de ses recueils jusqu'au dernier (les trois Michelangelo Lieder, en 1897), et son attirance vers le Sud, qui trouvera dans l'Italienisches Liederbuch son expression accomplie.

Retraçant le destin d'une héroïne quasi wagnérienne (à la fois Brünnhilde, Kundry et Isolde), la seule pièce d'orchestre de Wolf, Penthesilea, a été commencée peu avant que Wolf ne devînt le critique musical du Wiener Salonblatt. Cette activité, qu'il exerce avec passion de 1884 à 1887, si elle lui laisse trop peu de disponibilité pour composer, lui permet pourtant de préciser ses goûts. Il s'élève contre l'adulation dont Brahms – qui a malgré lui réuni sur son nom les forces de la « réaction » musicale – est l'objet ; il se fait l'apôtre de Liszt et de Berlioz et dénonce le conservatisme des programmes de la Philharmonie, le laisser-aller des chanteurs d'opéra : en un mot, il s'élève contre la Schlamperei ambiante (routine et désordre), qui va trouver au tournant du siècle son adversaire le plus féroce en Gustav Mahler. Les renseignements biographiques sur cette dernière période d'activité sont assez peu nombreux, mais il faut toutefois relever que, vraisemblablement vers 1884 – alors qu'il a déjà contracté la syphilis qui allait l'emporter une vingtaine d'années plus tard –, Hugo Wolf rencontre Melanie Köchert, l'épouse de l'un de ses bienfaiteurs. Le rôle de cette femme, aussi passionnée que compréhensive, aussi efficace que discrète, est souvent négligé par les commentateurs. Après une vie de dévouement, notamment de 1897 à 1903, où elle venait le visiter trois fois par semaine à l'asile, Melanie Köchert se suicidera en 1906.

Le tournant essentiel de la vie créative de Wolf se situe en 1887. Son père, qui s'était toujours violemment opposé à la carrière de son fils, meurt au printemps, et, à la fin de l'année, Wolf publie ses premiers lieder, avec un seul désir : continuer.

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