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LIONNE HUGUES DE (1611-1671)

En son temps, Hugues de Lionne fut considéré comme un grand ministre des Affaires étrangères. Voltaire en fit l'éloge et Saint-Simon écrit à son sujet : « Lionne était très instruit des intérêts des princes, adroit négociateur mais trop connu pour tel par les ministres étrangers qui se défiaient de lui et le craignaient. » Ce diplomate était issu d'une famille de robe du parlement de Grenoble ; sa mère était une sœur d'Abel Servien, surintendant des finances. À la mort de celle-ci, son père entra dans les ordres (il deviendra évêque de Gap) et envoya son fils à son oncle qui, lui trouvant beaucoup de maturité, le nomma premier commis pour l'initier à la politique du temps. Richelieu disgracia Abel Servien, mais voulut conserver le neveu qui lui semblait avoir une certaine envergure. Lionne remercia le cardinal et partit pour Rome en 1636 où il se lia d'amitié avec Mazarin. Celui-ci saura se souvenir de lui et le recommandera à la reine qui en fit son secrétaire. Bon connaisseur des affaires italiennes qu'il venait de quitter, il mit fin par son entremise à la brouille entre le pape et le duc de Parme. Pour obliger l'Espagne à conclure le traité des Pyrénées en 1659, il détermina quelques princes allemands à s'allier à la France. Craignant une guerre plus difficile, Madrid s'inclina. Recommandé à Louis XIV par Mazarin, il demeura le fidèle parfait du roi qui avait grande confiance en lui. Il négocia avec l'Angleterre l'acquisition de Dunkerque. Enfin il parvint à rompre la Triple-Alliance de La Haye, donc à séparer les Provinces-Unies de leurs alliés, facilitant ainsi la future guerre de Hollande. Avec lui se terminait une grande époque de la diplomatie française. Il ne ressemblait guère à Colbert, ce bourreau de travail qui réformait le royaume au contrôle général ; « il ne travaillait que pressé par les circonstances et faisait tout lui-même avec une habileté et une supériorité sans égale, sacrifiant sans ménagement sa santé, sa fortune, et jusqu'à sa paresse, au jeu, à la bonne chère et aux autres plaisirs » (Saint-Simon).

— Jean-Marie CONSTANT

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  • LOUIS XIV (1638-1715) roi de France (1643-1715)

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    ...les eaux et forêts et les colonies. L'armée de terre et la politique étrangère dépendaient d'autres ministres ( Le Tellier et Louvois pour la première, Lionne, Pomponne, Croissy pour la seconde), alors qu'au temps de Richelieu et de Mazarin le principal ministre connaissait de tout. Au Conseil des finances...