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HUGUES Ier CAPET (940 env.-996) duc de France (956-987) roi de France (987-996)

Issu de la famille des Robertiens qui domine la Francie (région entre Meuse et Loire) depuis un siècle, et qui a déjà donné deux rois (Eudes — 888-898, et Robert — 922-923), Hugues Capet est, à la veille de son élection à la royauté, le prince le mieux pourvu du royaume : duc de France, duc de Bourgogne, il est suzerain du duc de Normandie (il a par là des droits sur la Bretagne) et suzerain (théorique) du duc d'Aquitaine, tandis que le roi de Bourgogne est son frère. Il dispose donc de domaines, de vassaux et d'une brillante parentèle. Le rétablissement du souverain carolingien en la personne de Louis d'Outremer (936) n'a pu se faire que grâce à Hugues le Grand, père d'Hugues Capet. Depuis cette date, le duc de France passe alternativement du soutien à l'affrontement avec le roi. En 985, l'écolâtre de Reims, Gerbert, l'esprit le plus brillant de son temps et remarquable politique, peut écrire : « Le roi de fait, c'est Hugues. »

Autour de l'archevêque de Reims, Adalbéron, et de Gerbert, sont reprises les idées d'empire unique, garant de la paix : d'où l'admiration des deux hommes pour l'empire néo-carolingien des Ottons. De plus, la solidité de l'archevêché de Reims, sa situation partie dans l'Empire germanique, partie dans le royaume de France, devait amener son chef à jouer un rôle décisif dans l'avènement d'Hugues Capet. Le dernier roi carolingien, Louis V, comme son père Lothaire l'avait déjà fait, accuse Adalbéron de trahison au profit de l'empereur et convoque un plaid pour le juger à Compiègne le 18 mai 987. Or le roi meurt d'un accident de chasse : la situation se retourne en faveur d'Adalbéron qui fait élire Hugues à Noyon, puis le sacre à Soissons le 1er juin (ou à Reims le 3 juin). Les descendants du nouveau souverain allaient régner huit siècles.

Cette élection inopinée déclenche la réaction du prétendant carolingien, Charles de Basse-Lorraine, oncle du roi défunt, qui s'empare de Laon en mai 988. Il trouve l'appui d'Arnoul, bâtard du roi Lothaire, qui devient archevêque de Reims à la mort d'Adalbéron (989) et donne la ville à Charles. Les deux Carolingiens sont donc solidement établis au cœur de la Francie, et seule la trahison de l'évêque de Laon, Ascelin, livre cette cité, ainsi que Charles de Lorraine et ses enfants, à Hugues (mars 991). Reste alors à régler le sort de Reims et de son évêque : Hugues se défie de la papauté qu'il juge trop liée à l'empereur germanique ; il réunit un concile national au monastère Saint-Basle de Verzy, qui dégrade Arnoul et lui substitue Gerbert (juin 991), à la grande colère du pape Jean XV.

Ce règne marque une certaine prise de conscience par la royauté de sa personnalité distincte par rapport à l'Empire, mais le souverain reste très faible. Une étude des actes issus de la chancellerie royale montre qu'aucun n'est destiné aux régions du sud du royaume, et de nombreux actes ne sont plus souscrits par le roi et le chancelier seuls, mais le sont aussi par de grands personnages dont l'autorité vient conforter celle du souverain. Pourtant, la continuité dynastique a pu être assurée : Hugues Capet s'est immédiatement associé son fils Robert le Pieux, créant par là une hérédité de fait.

— Michel SOT

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Écrit par

  • : maître de conférences d'histoire du Moyen Âge à l'université de Paris-X-Nanterre

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