DUFLOS HUGUETTE (1891-1982)
Associée dans la mémoire du spectateur au personnage de Mathilde Strangerson, la fille du célèbre professeur du Mystère de la chambre jaune et du Parfum de la dame en noir, adaptés au cinéma par Marcel L'Herbier en 1930, la comédienne Huguette Duflos avait déjà connu de nombreux succès à l'époque du cinéma muet : elle avait alors interprété de nombreux personnages romanesques, mystérieux, altiers ou vulnérables, proches de ceux qu'elle avait créés au théâtre, à la Comédie-Française. Vedette favorite des magazines de cinéma d'avant guerre – Mon Ciné et Pour tous –, elle dut sa grande popularité à l'une des multiples versions des Mystères de Paris, à L'Ami Fritz (1919), à Mademoiselle de la Seiglière (1921), films tournés sous la direction d'André Antoine, et surtout à Koenigsmark de Léonce Perret (1925). Le dernier film de sa période « muette » fut L'Homme à l'Hispano de Julien Duvivier (1926), au côté de Georges Galli.
À l'aube du parlant, elle interprète, après les deux films de L'Herbier, Le Procès de Mary Dugan (1929), au côté de Charles Boyer ; sa diction grave donne une dimension supplémentaire au personnage qu'elle y incarne, une actrice accusée de meurtre. De la période des années 1930, on peut citer essentiellement Les Perles de la couronne de Sacha Guitry (1937), où elle joue le rôle de la reine Hortense, Le Train pour Venise d'après la pièce de Louis Verneuil, et surtout Maman Colibri de Jean Dréville (1938), où, une fois de plus, elle incarne un personnage de mélodrame. En 1929, elle consigne ses souvenirs d'élève au Conservatoire dans un ouvrage intitulé Heures d'actrice, préfacé par Paul Géraldy : elle y évoque son mariage avec le professeur Duflos, au côté duquel elle interprète Le Droit de l'enfant, autre succès lacrymal. Après son divorce, elle s'essaie – avec humour – à une carrière d'actrice de composition sous le nom de « Huguette ex-Duflos ». Elle a toujours une certaine allure dans Jeunes Filles dans la nuit (1942), sous les traits de Marie de Médicis dans Le Capitan de Robert Vernay (film en deux épisodes tourné en 1945), ou encore en grande bourgeoise dans La Loi du printemps. Elle fit deux dernières apparitions dans Douze Heures de bonheur (1952) et dans Les Petits Matins (1961). Actrice classique, au jeu essentiellement théâtral, Huguette Duflos n'aura pas connu l'éclipse des vedettes du muet à l'avènement du parlant : elle sut se reconvertir avec élégance et accepter des emplois moins romanesques que dans les années 1920, et surtout moins « hors du commun ».
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Écrit par
- André-Charles COHEN : critique de cinéma, traducteur
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