- 1. L'évolution de la matière organique du sols
- 2. Morphologie et évolution des formes d'humus forestiers
- 3. Processus biochimiques de l'humification
- 4. Les associations organo-minérales et leur rôle dans la pédogenèse
- 5. Influence des facteurs du milieu sur l'humification
- 6. Humification en milieu mal aéré (hydromorphe)
- 7. Fonctions de l'humus
- 8. Bibliographie
HUMUS
Influence des facteurs du milieu sur l'humification
Trois facteurs dépendant du milieu jouent un rôle important : la végétation, qui fournit des litières plus ou moins facilement décomposables, les conditions climatiques et, enfin, la nature et la composition du matériau d'origine (milieu minéral). En fait, il existe entre ces facteurs un lien plus ou moins étroit.
La végétation fournit la matière première des composants de la matière organique du sol par les litières (et aussi par les racines mortes) auxquelles elle donne naissance de façon régulière ou saisonnière. Or, ces litières se décomposent et s'humifient à un rythme très variable suivant leur composition et, en particulier, leur richesse en azote : les litières de certaines espèces feuillues (aulne, frêne, tilleul) sont très rapidement biodégradées, alors que celles des espèces résineuses (pin, épicéa) et des bruyères, qui sont pauvres en azote et libèrent des composés antimicrobiens (J. Berthelin et al., 1994), évoluent très lentement et forment souvent à la surface du sol un feutrage plus ou moins épais (A0 des mor ou moder). Les litières de feuillus sociaux (chêne, hêtre) ont une composition intermédiaire et fabriquent des formes d'humus très variables suivant la composition du milieu minéral. Lorsqu'il existe un tapis herbacé bien développé, celui-ci contribue puissamment à l'humification, notamment dans le domaine de la forêt-steppe, grâce à son enracinement puissant qui alimente un cycle du carbone souterrain très efficace (rôle de la rhizosphère).
Lorsqu'on considère les grands ensembles bioclimatiques, tels que ceux qui caractérisent les zones climatiques de la Russie ou des plaines centrales du Canada, on constate que la végétation et le climat agissent parallèlement sur l'humification : la forêt résineuse boréale engendre des mor acides ou des moder ; la forêt mixte et la forêt feuillue, des moder ou des mull acides ; la forêt-steppe, des mull chernozemiques très épais et de couleur foncée. Cependant, dans les zones climatiques où domine la forêt feuillue, on observe des différences importantes entre les sols des forêts de l'Ouest, caractérisées par un climat atlantique à saisons peu contrastées, et ceux des plaines de l'Est, dont le climat continental se caractérise par des extrêmes de température et d'humidité (sécheresse) très marqués. Les premières se caractérisent par des formes d'humus, dont l'horizon A1 est en général peu coloré et peu épais : les composés humiques dominants sont des acides humiques bruns liés à des acides fulviques en chaînes aliphatiques, dont le renouvellement reste rapide. À l'inverse, la forêt-steppe des climats continentaux forme des horizons mixtes A1 très foncés et très épais. Les acides humiques, qui prennent naissance au cours de l'humification, sont en grande partie de type « gris », c'est-à-dire à noyau fortement polycondensé, à dominance aromatique (chaînes aliphatiques peu développées). Si le renouvellement des horizons superficiels reste encore assez rapide, il n'en est pas de même de celui des horizons profonds, dont le temps moyen de résidence peut atteindre et dépasser 4 000 ans à 40 cm de profondeur. Il s'agit du processus de stabilisation climatique qui est à l'origine de la mélanisation (noircissement) des horizons humifères.
Dans les forêts des climats atlantiques, c'est la composition du matériau d'origine qui est l'agent-pilote de l'humification : elle est à l'origine d'un autre type de stabilisation des composés humiques, dite stabilisation physico-chimique. Cette fois, le ralentissement du renouvellement observé n'est pas dû à une transformation intrinsèque des composés humiques, mais à une cause externe, à savoir l'intervention du cation dominant, libéré[...]
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Écrit par
- Philippe DUCHAUFOUR : professeur honoraire à l'université de Nancy-I
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