HUNGA TONGA-HUNGA HA'APAI, volcan
L’éruption de 2021-2022
Une nouvelle séquence éruptive de Hunga Tonga-Hunga Ha'apai a commencé à la fin du mois de décembre 2021. Une série d'éruptions surtseyennes a projeté des panaches de cendres, de vapeur d’eau et de gaz à plus de 30 kilomètres d’altitude et provoqué des ondes de choc, des ondes sonores et de gravité d’une intensité rarement observée dans l'atmosphère. La combinaison de plusieurs techniques de télédétection fondées sur les ondes sismiques, les infrasons, la surveillance ionosphérique par un système de positionnement par satellite ou GNSS (Global Navigation Satellite Systems) et l'imagerie satellitaire ont permis aux scientifiques de suivre dans les moindres détails cette éruption, la plus grande depuis celle du Pinatubo en 1991 en termes de volume d'émission de matière, et la plus puissante depuis celle du Krakatoa en 1883 en termes d’énergie.
Le 19 décembre à 20 h 35 UTC (temps universel coordonné), une nouvelle phase éruptive commence. Les images du satellite américain GOES-17 prises ce même jour à 21 h 30 montrent que l'activité est caractérisée par de multiples éjections de cendres volcaniques s’élevant jusqu’à une altitude de 16 kilomètres. Cette première phase éruptive s'est poursuivie jusqu'au 4 janvier 2022. Les satellites météorologiques ont détecté des fluctuations de la hauteur des panaches – dépassant à plusieurs reprises 10 kilomètres d'altitude –, alternant entre des nuages éruptifs riches en vapeur d’eau et des panaches sombres de téphras (ensemble de produits du volcanisme : cendres, lapilli et bombes). Pendant cette période, les images acquises par les satellites Sentinel 2 et Planet Labs témoignent que Hunga Tonga-Hunga Ha'apai s'est agrandi de manière significative entre le 20 décembre 2021 et le 5 janvier 2022, avec l'apparition d'un nouveau cratère entouré d'un grand cône de téphras reliant les dépôts produits par l'événement de 2015 aux îles.
Après une courte période de quiescence, l’activité éruptive a repris le 13 janvier 2022, avec des amplitudes d’ondes infrasonores à peu près dix fois supérieures à celles de l'activité de décembre. Cette seconde phase éruptive a commencé à 15 h 20 UTC et a généré un panache éruptif en forme de champignon. Composé de gaz, de vapeur d’eau et de cendres, il s'est élevé jusqu'à la stratosphère, à environ 20 kilomètres d'altitude, et a atteint un diamètre de 250 kilomètres. Quelques heures plus tard, à 22 h 12 UTC, une anomalie du niveau de la mer détectée par un marégraphe situé à Nuku'alofa (capitale des Tonga, sur la côte nord de l’île de Tongatapu) a déclenché une alerte au tsunami relayée par les autorités tongiennes. Cette alerte a été levée rapidement car l'événement n'avait généré qu'un tsunami modéré. Pendant ce temps, un panache a persisté au-dessus du volcan pendant près de vingt-quatre heures. Du fait de l'intense activité explosive caractérisant le début de cette seconde phase éruptive, la partie centrale de l'île a disparu, causant une réduction d’un tiers de sa surface.
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Écrit par
- Fabio MANTA : docteur en géophysique des volcans, ingénieur d'étude en traitement d'images satellitaires, laboratoire Géoazur de l'université Côte d'Azur, Nice
- Lucie ROLLAND : physicienne adjointe à l’Observatoire de la Côte d’Azur, Nice
Classification
Médias
Autres références
-
TONGA
- Écrit par Encyclopædia Universalis , Sophie FOSTER et Sione LATUKEFU
- 2 210 mots
- 2 médias
En janvier 2022, l’éruption du volcan sous-marin Hunga Tonga-Hunga Ha’apai (après plusieurs épisodes d’activité en 2009, 2014-2015 et 2021) est si forte qu’elle est entendue distinctement aux îles Fidji, et perçue jusqu’en Alaska. Elle produit un panache de cendres et de gaz de près de 30...