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HUNS

Société, économie et religion des nomades de l'époque hunnique d'après les données de l'archéologie

Comme l'a montré l'archéologue S. A. Pletnëva, la dispersion des tombes et l'absence quasi totale de nécropoles témoignent de façon irréfutable que les peuples des steppes de l'époque hunnique pratiquaient le nomadisme sous sa forme la plus primitive. Cette forme, appelée nomadisme de camps, est commune aux peuples en état de migration, en cours de conquêtes et pendant les périodes troublées, lorsque les conditions de sécurité imposent la concentration des troupeaux et des hommes ainsi que leur déplacement continuel. Elle se caractérise par l'absence d'itinéraires stables et de lieux permanents d'hivernage. La Kirghizie constitue une exception, puisque l'on a retrouvé des nécropoles, sur lesquelles se faisaient enterrer des générations successives, et qui attestent donc l'existence de lieux privilégiés d'hivernage. Les premiers habitats stables des nomades apparaissent sur ces mêmes lieux. La « ville d'Attila », dont on connaît l'existence grâce à une ambassade byzantine qui la visita vers 440, localisée sur le territoire de la Hongrie actuelle, devait appartenir à cette catégorie.

L'archéologie confirme ce que nous apprennent les textes, à savoir l'importance de la guerre chez les Huns. Le nombre de tombes de guerriers en témoigne clairement. D'autre part, l'archéologie funéraire montre la hiérarchisation de la société des nomades de l'époque hunnique : à côté des tombes dites princières, qui se distinguent par la richesse de leur mobilier (Szeged-Nagyszéksós ou Pannonhalma par exemple, nos 40, 44 de), on a découvert une multitude de tombes ordinaires.

Dans le domaine de l'économie, l'élevage du bétail joue certainement un rôle primordial, mais l'archéologie témoigne également de la présence de l' artisanat et du commerce. On peut supposer que la plupart des objets portés par les nomades étaient exécutés par des ateliers travaillant dans les steppes. En effet, aux époques ultérieures, les données ethnographiques mettent en évidence l'existence d'artisans ambulants, notamment de forgerons, qui se déplacent avec les tribus de nomades. Pour l'époque hunnique, on a découvert à Novofilippovka (no 18) la tombe d'un chaudronnier, enterré avec ses outils. Les objets d'origine étrangère mis au jour dans les tombes des nomades témoignent, pour certains d'entre eux au moins, du développement du commerce. Citons par exemple la vaisselle romaine en argent de Pavlovka (no 31), celle en bronze d'Aleški, Fedorovka ou Melitopol' (nos 10, 8, 16), les récipients en verre de Marfovka et Kazač'i Lagerja (nos 22, 12), le miroir chinois de   Leninsk (no 5), ou encore les épées, peut-être d'origine byzantine, trouvées à Dmitrievka et Pokrovsk-Voshod (nos 81, 7).

L'archéologie éclaire aussi un autre aspect de l'économie des nomades. On note à l'époque hunnique l'apparition de sédentaires au cœur même de la zone nomade, installés par exemple dans les ruines de la ville de Tanaïs, à l'embouchure du Don. Cela permet de penser que les Huns étaient favorables à la présence sur leur territoire d'une population sédentaire, placée sous leur domination et susceptible de leur fournir les produits agricoles nécessaires à leur subsistance.

On possède peu d'indications sur la religion des Huns. Il semble très probable néanmoins qu'ils aient voué un culte aux animaux. Le décor de style animalier en serait l'une des manifestations, et nous avons déjà évoqué l'importance particulière du cheval dans le rite funéraire. Il convient de mentionner, d'autre part, la fonction rituelle des chaudrons en bronze et des arcs portant des appliques en tôle d'or. Les chaudrons,[...]

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300 à 400. Christianisme - crédits : Encyclopædia Universalis France

300 à 400. Christianisme

400 à 500. Royaumes barbares - crédits : Encyclopædia Universalis France

400 à 500. Royaumes barbares

Sites des nomades de l'époque hunnique - crédits : Encyclopædia Universalis France

Sites des nomades de l'époque hunnique

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