HUNZA ou BURUSHO
Ethnie montagnarde installée dans une haute vallée du Pākistān, au cœur même du Karakoram (environ 87 000 personnes en 2000). À une date ancienne, les Hunza ou Hunzukut, qui se nomment eux-mêmes Burucho, se sont placés sous l'autorité d'un prince, le mir, chef spirituel et temporel, qui réside à Karimabad. La légende voudrait qu'un prince en exil, venu de Perse, ait fondé son royaume au pays hunza il y a environ neuf cents ans. Pour leur part, les Hunza se seraient installés dans le Karakoram depuis plus de quinze siècles. Leur histoire est contée par l'épopée chantée lors de la fête annuelle de Thumshuling ; celle-ci ne retrace que six siècles de règne des thums ou mirs, et relate les querelles fratricides, les expéditions, les pillages, ou les périodes fastes qui marquent l'histoire du peuple hunza
À la fin du xixe siècle, les Hunza passent sous la domination des Britanniques ; ils choisissent, lors de la partition de 1947, le rattachement au Pākistān, puis ils prennent une part active dans le conflit qui aboutit au partage du Cachemire. En 1978, l'ouverture de la Karakoram Highway, autoroute qui suit la vallée principale du pays hunza et relie ce dernier, en quelques heures, au reste du Pākistān, a rompu l'isolement des Hunza, qui jouissaient d'une excellente santé et d'une grande longévité..
Si, du point de vue anthropologique, les Hunza semblent être de même souche que les Tadjik des montagnes, en revanche leur langue ne permet pas de les assimiler comme sous-ethnie tadjike ; le burushaski, qui n'est parlé que par ceux qui se disent Burusho, est une langue sans écriture qui ne se rattache à aucun des grands groupes linguistiques et est l'une des plus difficiles du monde.
Les Hunza sont des agriculteurs ; bien que montagnards, ils font très peu d'élevage (chèvres et moutons), et il serait préférable de parler d'eux comme horticulteurs, puisqu'ils apportent tous leurs soins à leurs minuscules champs établis en terrasses et irrigués : ils font pousser, à près de 3 000 mètres d'altitude, une grande variété d'arbres fruitiers (en particulier l'abricotier, le pêcher, l'amandier), de la vigne grimpante dont ils font du vin (bien que musulmans), des légumes et des céréales (blé, seigle) ; et leur mir est lui-même un jardinier éclairé.
Jusqu'à la rupture de l'isolement géographique des Hunza à la suite de la construction de la route chinoise, cette ethnie vivait dans une véritable autarcie : sa survie dépendait d'une grande exactitude à l'égard du cycle des saisons, et le mir avait fonction d'ouvrir et de fermer chaque saison ; fin janvier, le festival de Bopfau correspondait aux semailles du seigle, dont la récolte était attendue avec impatience pour la fin juin, et celle-ci était l'occasion d'un nouveau festival, Genani.
La terre des Hunza appartient en principe à qui la cultive ; toute terre non cultivée est la propriété du mir, et lui seul, qui se réserve les meilleures parcelles, peut donner son accord pour le percement d'un canal d'irrigation ou la mise en culture d'une parcelle de terre. La terre se transmet de père en fils, la femme n'hérite pas, puisqu'elle ne travaille pas la terre, mais elle peut toutefois recevoir un lot d'arbres fruitiers.
Le mir tient un conseil quotidien (durbar), au cours duquel les querelles, les litiges, les problèmes tant communaux que familiaux sont soumis à sa justice ; il est assisté d'un wazir, sorte de chambellan, nommé à vie. À ce conseil participent les chefs de chaque village (lambardars), choisis par le mir. Le mir n'entretient aucune garde personnelle, ni police. Il est le père de son peuple, et ceux qui entrent en désaccord avec lui sont bannis de la société des Hunza. C'est le mir qui dirige le grand cérémonial annuel des mariages, qui[...]
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Écrit par
- Jean-Charles BLANC : diplômé de l'École des langues orientales, journaliste
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