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HUSSEIN (1935-1999) roi de Jordanie (1953-1999)

Hussein de Jordanie, 1980 - crédits : Erling Mandelmann / Gamma-Rapho/ Getty Images

Hussein de Jordanie, 1980

Les funérailles du roi Hussein de Jordanie, en février 1999, ont donné lieu à un impressionnant défilé de chefs d'État arabes et occidentaux venus saluer la mémoire d'un souverain au destin exceptionnel. Singulier parcours en effet que celui du « petit roi » : du jeune prince inexpérimenté porté à la tête d'un royaume sans véritable légitimité historique au vieux sage régnant sur un pays stabilisé et jouant les médiateurs entre Israéliens et Palestiniens.

Funérailles du roi Hussein de Jordanie, 1999 - crédits : Nadav Neuhaus/ Sygma/ Getty Images

Funérailles du roi Hussein de Jordanie, 1999

Hommage au roi Hussein de Jordanie, 1999 - crédits : Rabih Moghrabi/ AFP

Hommage au roi Hussein de Jordanie, 1999

C'est le 2 mai 1953, à l'âge de dix-huit ans, que Hussein monte sur le trône hachémite, moins de deux ans après l'assassinat de son grand-père Abdallah. Il a reçu une éducation très britannique au Victoria College d'Alexandrie, complétée au collège de Harrow puis à l'Académie militaire de Sandhurst. De 1955 à 1958, le fragile royaume jordanien se trouve pris dans la tourmente de la guerre froide. Menacée de déstabilisation par la vague montante du nationalisme arabe qui revêt alors le visage charismatique de Nasser, la monarchie doit prendre ses distances avec l'allié britannique. La menace extérieure exacerbe la vulnérabilité interne d'un pays aux deux tiers peuplé de Palestiniens, très sensibles aux promesses de libération du nationalisme arabe, et la naissance en 1964 de l'O.L.P. de Choukeiri remet en cause les bases mêmes d'un royaume fondé sur l'union des deux rives du Jourdain. C'est dans ce contexte d'instabilité que le roi Hussein modifie la Constitution pour nommer son frère Hassan prince héritier ; son premier fils Abdallah, né d'un second mariage avec la Britannique Antoinette Gardiner, n'a alors que trois ans.

La perspective d'un affrontement avec Israël rapproche la Jordanie de ses voisins. Soucieux d'effacer le soupçon de trahison de la cause arabe qui pèse sur la dynastie depuis le règne d'Abdallah, Hussein entre dans la guerre de juin 1967 en dépit des efforts de son entourage pour l'en dissuader. Il y perdra la Cisjordanie et Jérusalem-Est. Devenu « pays de la confrontation », le royaume profite de la rente pétrolière arabe tandis que, aux yeux des Occidentaux, il représente désormais la clé d'une solution au conflit du Proche-Orient. La résistance palestinienne en armes qui s'implante sur le territoire jordanien dispute toutefois au roi la représentation des Palestiniens en même temps qu'elle défie la souveraineté de l'État. L'épreuve de force du Septembre noir de 1970, qui conduit à l'écrasement des fedayin, ouvre pour le roi une nouvelle période d'ostracisme sur la scène arabe. Au lendemain de la guerre d'octobre 1973, c'est à Yasser Arafat, son ennemi juré, que les États arabes reconnaissent le droit exclusif de représenter les Palestiniens. Tandis que les États-Unis s'obstinent à promouvoir la « solution jordanienne » sans parvenir à assurer au royaume hachémite le retour des territoires perdus en 1967, Hussein choisit de composer avec l'O.L.P. L'intifada, le soulèvement palestinien dans les territoires occupés, consacre pleinement aux yeux du roi la victoire d'Arafat. Lucide et pragmatique, le souverain annonce en juillet 1988, à la surprise du monde, la rupture des liens avec la Cisjordanie.

La crise du Golfe vient une nouvelle fois, en 1990, mettre à l'épreuve la capacité de la monarchie à concilier ses amitiés occidentales avec les aspirations des opinions arabes. Hussein tente de jouer les arbitres afin de favoriser une solution régionale. Il est proche de l'Irak, dont les largesses sont indispensables au royaume touché par la récession économique et déstabilisé par les émeutes sociales d'avril 1989 qui ont affecté le Sud rural et bédouin, base politique traditionnelle de la monarchie. L'ouverture limitée entreprise par le souverain pour répondre à la crise permet[...]

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Écrit par

  • : professeur des Universités, Institut national des langues et civilisations orientales, Paris

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Hussein de Jordanie, 1980 - crédits : Erling Mandelmann / Gamma-Rapho/ Getty Images

Hussein de Jordanie, 1980

Funérailles du roi Hussein de Jordanie, 1999 - crédits : Nadav Neuhaus/ Sygma/ Getty Images

Funérailles du roi Hussein de Jordanie, 1999

Hommage au roi Hussein de Jordanie, 1999 - crédits : Rabih Moghrabi/ AFP

Hommage au roi Hussein de Jordanie, 1999

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